Le désir de boire de l'alcool peut être conditionné par des souvenirs visuels ou olfactifs, selon une nouvelle étude montréalaise. Ces résultats montrent que la technique de bannir de sa vue toute bouteille est valable pour les alcooliques.

« On savait que les signaux environnementaux réveillent le désir de consommation pour d'autres drogues », explique Nadia Chaudhri, professeure de psychologie à l'Université Concordia et auteure principale de l'étude publiée dans la revue Frontiers in Behavioral Neuroscience. « Nous montrons que c'est aussi le cas pour l'alcool. »

Mme Chaudhri en a fait la preuve avec des rats. Ils se trouvaient dans une cage munie d'un levier qui, lorsqu'il était actionné, activait une pompe d'éthanol, un alcool. Après avoir été conditionnés à associer le levier aux gouttes d'alcool, les rats allaient actionner le levier même si l'éthanol n'était plus administré.

« Des études ont montré que quand un alcoolique voit ou sent des stimuli associés à l'alcool, il salive plus, dit-elle. On sait aussi que si un ex-alcoolique a plus envie d'alcool, il a plus de risque de retomber dans la bouteille. »

L'impact du stimulus visuel a-t-il été plus ou moins fort que pour d'autres drogues ? « Il était moins fort, mais on ne donnait pas assez d'alcool aux rats pour qu'ils soient intoxiqués, dit Mme Chaudhri. Nous pensons que si on leur en donne plus, l'association sera aussi forte. »

L'effet aurait-il été le même si des gouttes d'eau, plutôt que de l'alcool, avaient été liées au levier ? « Des études du même genre ont été faites avec de l'eau et de la nourriture, mais l'effet existait seulement si les rats avaient soif ou faim. Dans notre cas, les rats avaient bien mangé et bien bu, mais ils avaient tout de même envie d'alcool. »

Traitement

Quels sont les impacts sur le traitement de l'alcoolisme ? « Les alcools ont souvent une couleur, un goût et une odeur qui sont importants pour les buveurs. Ils sont souvent servis dans des verres spécifiques. On peut penser que cela aide au développement du goût pour l'alcool. Pour ce qui est du traitement, il semble vraisemblable qu'éviter les circonstances et stimuli associés à l'alcool peut éviter à un ex-alcoolique de recommencer à boire. »

Les chercheurs de Concordia font maintenant des études sur le Champix, un médicament qui aide certains fumeurs à écraser et qui est envisagé pour le traitement de l'alcoolisme. Ils souhaitent déterminer s'il interagit avec le conditionnement lié à la consommation de l'alcool. Ils veulent aussi déterminer quelles zones du cerveau sont associées à ce conditionnement afin de trouver de nouvelles cibles pour des médicaments.