Des chercheurs du CHUM viennent de découvrir comment se produit une anomalie dans le développement d'un embryon, ce qui peut nuire au succès des traitements de fertilité.

L'équipe du docteur Greg FitzHarris, du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), a fait cette découverte chez la souris, mais estime fort probable que le mécanisme mis en cause se produit aussi chez l'humain.

Ainsi, grâce à des microscopes super puissants, l'équipe de chercheurs a détecté dans des cellules défectueuses un petit noyau satellite à côté du noyau principal. Ce petit noyau, appelé micronucleus, serait relié au phénomène d'un nombre anormal de chromosomes.

Or, lors des traitements de fertilité, environ la moitié des embryons générés contiennent des cellules avec un nombre anormal de chromosomes. Les médecins considèrent ces embryons comme de mauvaise qualité et préfèrent ne pas les transférer chez la femme.

«Le seul moyen classique de sélectionner un embryon - pour savoir lequel il faut transférer avec de bonnes chances -, c'est la morphologie embryonnaire, c'est-à-dire que sur le nombre des cellules, la régularité des cellules, la présence ou non de fragments cellulaires, on arrive à établir un score et choisir l'embryon qui a le score le plus élevé», a expliqué au cours d'une entrevue, lundi, le docteur Jacques Kadoch, directeur médical de la Clinique de procréation assistée du CHUM.

«Il existe des moyens de savoir si l'embryon est 'chromosomiquement» normal ou pas, mais il faut faire une biopsie qui est très agressive» et faire analyser le tout en laboratoire.

«Avec la découverte du docteur FitzHarris, sur la morphologie de l'embryon, si on met en évidence certains éléments structuraux autour du noyau, qu'on appelle des micronuclei, ces micronuclei seraient associés à plus d'anomalies chromosomiques», a-t-il expliqué.

Si cette découverte chez la souris se confirme chez l'humain, cela pourrait être utile pour accroître les chances de succès dans les cliniques de fertilité.

«C'est toujours d'affiner le choix de l'embryon, d'avoir un critère supplémentaire qui nous permettrait de dire «cet embryon est probablement porteur d'une mosaïque embryonnaire. L'autre à côté, même s'il paraît un peu moins beau, génétiquement il est parfait, donc autant le transférer avec plus de chances de succès'», a résumé le docteur Kadoch.

Cela prendra toutefois un certain temps avant de valider les résultats chez l'humain, a-t-il pris soin de noter.

L'étude du docteur FitzHarris et de son équipe a paru lundi dans la revue spécialisée Proceedings of the National Academy of Sciences. La recherche a été financée par la Fondation J.-Louis Lévesque et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.