Au grand dam des experts, la presse britannique a fait ses choux gras cette semaine d'une étude affirmant que dans de rares cas, l'alzheimer pourrait se transmettre de personne en personne. L'un de ses auteurs, un expert britannique de la maladie de la vache folle, a proposé que des études soient faites sur la transmission de l'alzheimer par voie sanguine.

«Ces données suggèrent une composante amyloïde à la maladie de Creutzfeld-Jakob [maladie de la vache folle] et n'ont pas d'impact sur la maladie d'Alzheimer», a déclaré quant à lui Serge Gauthier, directeur de l'Unité de recherche de la maladie d'Alzheimer à l'Université McGill, à qui La Presse a demandé de commenter l'étude. «Il y a eu plusieurs études négatives sur la transmissibilité de la maladie d'Alzheimer.» Un type de protéine appelée amyloïde est associée à l'alzheimer.

Signe du caractère délicat de ces recherches, la prestigieuse revue Nature, où était publiée mercredi l'étude, a joint à son dossier de presse des citations d'une dizaine de spécialistes de l'alzheimer, qui tous préviennent qu'une transmission de l'alzheimer par les techniques médicales actuelles est très peu probable

Autopsies

Les chercheurs ont fait l'autopsie de huit personnes qui ont succombé à la maladie de la vache folle une trentaine d'années après avoir reçu des injections d'hormones de croissance extraites de cadavres, un traitement contre le nanisme qui a été appliqué à 30 000 patients dans le monde de 1958 à 1985. Ce traitement a été abandonné quand les autorités médicales britanniques se sont rendu compte qu'il permettait la transmission de cette maladie neurodégénérative.

Parmi ces huit patients, quatre avaient des niveaux de modérés à élevés dans leur cerveau d'un peptide anormal présent chez les patients atteints de l'alzheimer, appelé «amyloïde». Cette dernière, qui pourrait être une cause ou bien une conséquence de l'alzheimer, n'est généralement pas présente chez des gens aussi jeunes (de 36 à 51 ans).

«Je pense qu'il faut envisager qu'en plus de l'alzheimer sporadique associé à l'âge et de l'alzheimer familial causé par des gènes, il pourrait aussi y avoir une forme acquise de l'azlheimer», a déclaré l'un des coauteurs, John Collinge, du Collège universitaire de Londres, spécialiste de la maladie de la vache folle, en entrevue au Times, le quotidien britannique. En conférence de presse, le Dr Collinge a évoqué la possibilité que l'alzheimer soit transmis par transfusion sanguine ou chez le dentiste, mais a par la suite précisé dans un communiqué qu'il était très peu probable que ce soit le cas.

Une équipe française a déjà annoncé qu'elle ferait la même analyse sur une vingtaine de patients morts eux aussi de la maladie de la vache folle, pour en avoir le coeur net.