L'Organe international de contrôle des stupéfiants, rattaché à l'ONU, s'alarme de la multiplication des nouvelles drogues élaborées pour contourner les interdictions, pointant un «problème de plus en plus grave» de santé publique dans le monde.

«L'apparition de plus en plus massive, ces dernières années, de nouvelles substances (...) est devenue un grave problème de santé publique et un phénomène véritablement mondial», note l'OICS, un organe rattaché aux Nations unies, dans son rapport annuel publié mardi.

Au 1er octobre 2014, 388 substances distinctes nouvelles avaient été répertoriées dans le monde, soit 11% de plus que l'année précédente et deux fois plus qu'en 2009.

Élaborées à grande vitesse dans des laboratoires, les nouvelles substances, parmi lesquelles des cannabinoïdes de synthèse et des phénéthylamines, prennent de vitesse les législations des différents pays. Ces nouveaux stupéfiants bénéficient d'une période de vide juridique pendant laquelle ils parviennent à être commercialisés, notamment via internet.

«Ces substances sont souvent présentées comme des produits +légaux+ ou +naturels+ remplaçant les drogues placées sous contrôle, ce qui donne à penser à tort que, si elles ne sont pas placées sous contrôle (...), c'est qu'elles sont sans danger», s'alarme l'OICS.

Les pouvoirs publics s'essoufflent à suivre leur rythme de mise sur le marché, déplore encore l'organisation.

Grâce à une loi sur les «produits analogues», les États-Unis sont toutefois parvenus, l'an passé, à saisir des «centaines de milliers de boîtes» destinées à la vente au détail ainsi que des centaines de kilos de substances en vrac. Cent cinquante trafiquants avaient été arrêtés à cette occasion.

Les États-Unis sont depuis quelques années un des pays les plus touchés par les nouvelles drogues. Le phénomène s'est aujourd'hui étendu au reste du monde et constitue selon l'OICS un «problème de plus en plus grave».

La Chine, considérée comme «l'une des principales sources d'approvisionnement en nouvelles substances psychoactives», selon l'organe, n'est elle-même pas épargnée.

Moins de cocaïne sur le marché

L'organisation note par ailleurs une baisse importante de l'offre mondiale de cocaïne sud-américaine, avec à la clé «un effet perceptible sur les principaux marchés de consommation».

En Amérique du Nord et, dans une moindre mesure, en Europe, l'offre en 2014 «est restée très en dessous des niveaux records atteints autour de 2006», souligne le rapport.

À l'origine de cette évolution, une diminution d'«un tiers environ» des superficies consacrées à la culture du cocaïer - l'arbre à coca - en Colombie, en Bolivie et au Pérou, les trois principaux producteurs mondiaux, entre 2007 et 2013.

Aux États-Unis, environ 1,8% de la population consommerait actuellement de la cocaïne, contre 2,5% en 2006, et les prix ont augmenté de moitié en six ans, note l'OICS.

L'organisation salue en particulier la Bolivie, où la culture du cocaïer est tombée à son niveau le plus bas depuis 2002», et où 67 laboratoires clandestins ainsi que près de 6000 sites de production de cocaïne-base y ont été fermés en un an.

L'OICS a aussi déploré mardi les légalisations du cannabis en Uruguay et dans certains États des États-Unis, les jugeant contraires au droit international.

L'inquiétude de l'OICS est d'autant plus grande que la teneur moyenne en THC, la substance active du cannabis, a augmenté de 37% en moyenne dans les drogues saisies aux États-Unis entre 2007 et 2012, la hausse atteignant même 75% pour le chanvre importé.

L'organisation onusienne s'inquiète enfin de la relance de la culture du pavot en Birmanie, alors que la production d'opium a parallèlement bondi de 17% en un an en Afghanistan, principal fournisseur mondial.

Dans ce pays, l'OICS dit craindre à l'avenir «une nouvelle augmentation» de ces cultures avec le départ des forces étrangères de l'Isaf : «Plus la sécurité se dégrade, plus les cultures illicites prolifèrent», rappelle-t-il.