À quelques mètres des institutions internationales à Genève, un nouveau centre de recherche, appelé Campus Biotech, est en train de dessiner les contours de la médecine de demain, fondée sur la recherche et les «big data» ou mégadonnées en français.

Installé dans un immense complexe de métal et de verre, qui abritait il y a deux ans le siège suisse du groupe pharma Merck-Serono, désormais fermé, ce campus regroupe plus de 230 chercheurs actuellement et devrait en accueillir 600 prochainement, selon le professeur Benoit Dubuis, directeur de la Fondation Campus Biotech Geneva.

À terme, plus de 1200 chercheurs, ingénieurs et médecins du monde entier devraient travailler dans ce centre, qui a pour ambition de placer la région du lac Léman au premier plan de «la recherche mondiale dans le domaine des neurosciences et de la bio-ingénierie».

Ce monde est composé de la recherche sur des thèmes qui pourraient relever de la science-fiction, comme faire remarcher des paralysés, faire retrouver la vue à des aveugles, ou implanter des électrodes ou des capsules contenant des traitements dans les corps des malades.

La Fondation Campus Biotech Geneva, à l'origine du projet, a été créée par l'Université de Genève, l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et le canton de Genève pour gérer les aspects scientifiques liés au site.

La Fondation est locataire du bâtiment, qui appartient à la famille italienne Bertarelli, qui avait fondé le groupe pharmaceutique Serono, et à l'homme d'affaires suisse Hansjörg Wyss. En 2006, la famille Bertarelli a vendu Serono au groupe allemand Merck. Puis en 2012, Merck a décidé de fermer le siège de Serono à Genève, supprimant 1000 emplois.

La famille Bertarelli a ensuite racheté ce siège avec M. Wyss, qui fait partie comme elle, du club des milliardaires en Suisse. M. Wyss a fait fortune avec son entreprise Synthes, spécialisée dans les prothèses de hanche. Il a vendu Synthes en 2012 au groupe américain Johnson & Johnson pour plus de 20 milliards de dollars.

Ce campus, qui occupe une surface de 40 000 mètres carrés, a pour but de faire le lien entre chercheurs et industriels.

Diverses institutions ont déjà pris place dans les étages des différents bâtiments qui composent le campus. Des parties du site sont encore en travaux en vue de les adapter aux besoins de leurs futurs occupants.

L'un d'eux est le célèbre projet européen sur le cerveau, appelé Human Brain Project. Ce projet, coordonné par l'EPFL, viendra s'installer en décembre sur ce campus.

Ce programme, soutenu par l'UE à hauteur d'un milliard d'euros sur 10 ans, a pour ambition de modéliser un cerveau humain dans son intégralité, grâce au développement de nouvelles compétences informatiques, qui imitent le fonctionnement des réseaux de neurones.

Human Brain Project fédère plus d'une centaine d'institutions dans 23 pays.

Par ailleurs, le Centre de neuroprothèses de l'EPFL viendra aussi s'installer sur ce campus. «Nous avons des rêves, notamment de faire remarcher» des personnes paralysées, suite à des atteintes à la moelle épinière, a déclaré le professeur Olof Blanke, un neurologue à la tête de ce centre.

Les chercheurs de son équipe travaillent aussi sur des neuro-prothèses implantées dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

À l'étage supérieur, l'Institut suisse de biofarmatics travaille sur la médecine de demain, qui sera fondée sur le séquençage des génomes. Dans ce modèle, le médecin effectue un prélèvement de la tumeur d'un malade, qui sera séquencé grâce à la technologie des «mégadonnées». Les résultats seront ensuite analysés par des modèles informatiques mis au point par l'institut suisse, avant d'être transmis sous forme de diagnostic et de propositions de traitement au médecin.

«Il s'agit d'un système de médecine personnalisée», a déclaré la scientifique belge Christine Durinx, une des responsables de cet institut.

Enfin, ce campus abrite aussi le centre Wyss, doté de 100 millions de francs suisses 80 M euros), pour financer des projets qui aurait du mal à trouver des financements.