Des chercheurs du Centre hospitalier de St. Mary ont mis au point un robot-médecin capable de faire un diagnostic en orbite. Leur algorithme pourrait être utilisé sur Terre dans les pays en voie de développement, ou ailleurs pour désengorger les cliniques sans rendez-vous et assurer le suivi des maladies chroniques.

Le «système médical embarqué» (SME) n'en est pour le moment qu'à l'étape de la «preuve de concept»: il a fonctionné pour résoudre un problème médical simple à partir de symptômes et de renseignements sur le patient. Il pourrait être appliqué d'ici trois à cinq ans au suivi de maladies chroniques, comme l'obstruction pulmonaire (MPOC), moyennant un investissement relativement modeste de quelques millions de dollars, selon Michel Lortie, spécialiste en informatique médicale au centre de recherche du Centre hospitalier de St. Mary.

«Contrairement à d'autres systèmes similaires développés notamment chez IBM, qui s'appuient sur des millions de données statistiques, le SME imite la prise de décision des médecins à partir des lignes directrices des associations médicales, explique M. Lortie. C'est important pour l'espace, parce qu'il n'y a pas beaucoup de données sur la santé des astronautes. Mais nous croyons aussi que ce sera un avantage sur Terre, parce que les algorithmes médicaux autonomes basés sur les statistiques sont souvent très spécialisés.»

Pour le moment, 1,5 million a été consacré à ce projet depuis un an, grâce à des fonds de l'Agence spatiale canadienne.

La société Neptec, d'Ottawa, qui a déjà travaillé à des projets de télémédecine spatiale, notamment sur la MPOC, a collaboré aux travaux. Dans l'espace, le SME serait lié aux capteurs biométriques portés par les astronautes, qui mesurent leur pression sanguine et d'autres données médicales.

Faudra-t-il attendre l'arrivée des dossiers médicaux informatisés pour utiliser le SME dans une clinique sans rendez-vous? «Pas nécessairement, assure M. Lortie. Il faudrait simplement que le SME pose plus de questions au patient.»

Missions vers Mars

L'astronaute québécois Marc Garneau, qui a été président de l'Agence spatiale canadienne de 2001 à 2003, était présent à la conférence de presse, hier matin. «Quand j'ai décollé pour la Station spatiale internationale, je savais que je pouvais contacter un médecin de vol au centre de contrôle de mission de Houston presque immédiatement et instantanément si j'éprouvais un problème», a déclaré M. Garneau, qui est maintenant député de Westmount.

«Mais qu'advient-il si je me rends sur Mars, où les risques sont plus élevés et que les consultations médicales instantanées ne sont plus possibles? C'est pourquoi la capacité de surveiller, diagnostiquer et prescrire un traitement approprié en fonction de l'état de santé d'une personne est si attrayante, pas seulement pour les voyages dans l'espace, mais aussi, dans de nombreux cas, de retour sur Terre.»