Une campagne de promotion de la circoncision, pour réduire la contamination par le virus du sida, bénéficie également aux femmes, dont le risque d'être infectée par le VIH diminue, indique une étude présentée vendredi lors de la conférence internationale sur le sida.

Selon cette étude, réalisée au sein d'une communauté sud-africaine où de nombreux hommes avaient été circoncis, les femmes ayant des relations sexuelles avec uniquement des hommes circoncis ont un risque d'être contaminées inférieur de 15% par rapport aux femmes ayant des partenaires dont certains étaient circoncis.

«La réduction du risque est petite, mais c'est un début», a déclaré un des auteurs de l'étude, Kevin Jean, de l'agence française nationale de recherche sur le sida (ANRS).

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande la circoncision, sur la base du volontariat, aux hommes de 14 pays de l'Afrique subsaharienne dotés de taux élevés d'infection.

Ces recommandations s'appuient sur trois études conduites en Afrique du Sud, au Kenya et en Ouganda, qui ont démontré que la circoncision réduisait les risques de contamination, pour les hommes, de 50 à 60%.

Restait à connaître l'impact de la circoncision sur les risques de contamination pour les femmes.

Les chercheurs se sont notamment penchés sur deux questions: le risque de contamination pour une femme baisse-t-il au sein d'une population dont beaucoup d'hommes sont circoncis? Les hommes circoncis ne vont-ils pas penser qu'ils sont suffisamment protégés, abandonner le préservatif et accroître donc le risque de contamination pour les femmes?

L'étude de l'ANRS a travaillé avec 2.452 femmes âgées entre 15 et 29 ans qui vivent à Orange Farm (Afrique du Sud).

Des tests sanguins ont eu lieu en 2007, 2010 et 2012 et les femmes étaient interrogées sur leur partenaire(s) sexuel(s).

Le taux de circoncision des hommes est passé de 12% à 53% pendant la durée de l'étude.

Plus de 30% des femmes ont indiqué n'avoir des relations qu'avec des hommes circoncis et 17,8% d'entre elles ont été infectées pendant la période de l'étude.

Chez les femmes ayant des relations avec des hommes non circoncis, le taux d'infection était quasiment le double, à 30,4%.

Dans un entretien avec l'AFP, Kevin Jean a expliqué que les femmes n'ayant que des partenaires circoncis étaient relativement peu nombreuses. Et ces femmes étaient moins susceptibles d'avoir plusieurs partenaires, et donc moins de risques d'être infectées.

Ces conditions expliquent pourquoi le taux de baisse du risque de contamination --15% en moyenne pendant la durée de l'étude-- est si faible, a ajouté le chercheur.

Une autre étude, de l'université d'Illinois (Chicago) et présentée lundi à Melbourne, avait par ailleurs montré que les hommes circoncis n'en continuaient pas moins d'utiliser le préservatif.