Un nouveau test sanguin pourrait éviter à des milliers de Québécois une biopsie douloureuse et inutile du poumon. Le test, mis au point par une société de Seattle avec la collaboration de la PME montréalaise Caprion, permet d'évaluer si un nodule pulmonaire de taille moyenne est bénin ou malin.

«Si le test fonctionne bien, des centaines, voire des milliers de Québécois n'auront pas besoin de subir une biopsie du poumon parce qu'on pourra voir que le risque que leur nodule soit malin est faible», explique Lorenzo Ferri, chirurgien oncologique au Centre universitaire de santé McGill, à qui La Presse a demandé de commenter l'étude, parue dans la revue Science Translational Medicine. C'est le premier test sanguin qui permet cette évaluation. Dans quatre cas sur cinq, un nodule de taille moyenne (soit de 0,8 à 2 cm) est bénin.

La commercialisation du test, prévue d'ici la fin de l'année aux États-Unis et l'an prochain au Canada, est une nouvelle importante pour Caprion, qui compte 85 employés. «Nous recevrons des redevances sur chaque test vendu par Integrated Diagnostics, explique Martin LeBlanc, PDG de Caprion. Nous sommes en pourparlers pour commercialiser le test au Canada. Et c'est une vitrine exceptionnelle pour notre technologie de test simultané de plusieurs protéines, qui peut être utilisée pour d'autres tests diagnostiques.» Le test vise 13 protéines associées aux tumeurs du poumon.





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Biopsies inutiles

Selon M. LeBlanc et selon Paul Kearney, président d'Integrated Diagnostics, qui est l'auteur principal de l'étude, 15 000 Québécois subissent chaque année une biopsie inutile du poumon parce qu'ils ont un nodule de taille moyenne qui se révèle bénin. Ils arrivent à ce chiffre à partir des données américaines.

Le Dr Ferri de McGill se dit enthousiaste devant cette étude «élégante», mais doute qu'autant de Québécois seront touchés par l'apparition du test. «L'imagerie médicale a fait de grands progrès ces dernières années, depuis que les échantillons de leur étude ont été pris, dit le Dr Ferri. Et dans certains cas, on refera une autre séance d'imagerie dans six mois ou un an.» M. Kearney admet qu'il est possible que davantage de nodules de taille moyenne soient détectés aux États-Unis, parce que le recours à l'imagerie médicale y est plus fréquent qu'au Canada. En effet, des nodules au poumon peuvent être détectés avant l'apparition de symptômes, lors d'un test d'imagerie pour un autre problème.

Plus important, selon le Dr Ferri, ce test pourrait être jumelé avec un nouveau type d'imagerie qui permet de détecter des nodules encore plus petits. La plupart des cancers du poumon sont détectés à un stade très avancé: 16% des patients survivent moins de cinq ans après le diagnostic, alors que le taux de survie après cinq ans est de 77% si le cancer est détecté au stade le plus précoce.