Une équipe chinoise a pour la première fois décrit comment le virus du sida parvient à infecter une cellule humaine. Cette avancée mènera à une pléthore de nouveaux médicaments.

«C'est une étape très très importante», explique Mark Wainberg, qui dirige à l'Hôpital juif le Centre de recherche sur le sida de l'Université McGill. «Il y a deux corécepteurs, et comprendre comment le virus interagit avec l'un d'entre eux est crucial. Nous avons déjà un médicament qui vise le récepteur décrit, CCR5, mais nous ne savions pas comment il fonctionnait. Nous allons pouvoir mieux l'utiliser.» L'autre récepteur s'appelle CXCR4.

L'étude parue dans Science fait un portrait en trois dimensions de l'infection par le récepteur CCR5. Un commentaire accompagnant l'étude annonce «de nombreuses nouvelles manières de bloquer l'entrée du VIH».

Le médicament ciblant la jonction du virus avec le CCR5, le maraviroc, est pour le moment sous-utilisé parce qu'il doit être précédé d'un test pour confirmer que la souche de virus du patient cible bien le CCR5 et non le CXCR4.

«Le test peut prendre une semaine, dit le Dr Wainberg. Comme on veut commencer le traitement dès le moment du diagnostic de sida, de nombreux médecins ne l'utilisent pas.»

L'étude a été dévoilée dans une conférence de presse hier après-midi à Shanghaï, soit en plein milieu de la nuit en Amérique du Nord, un horaire très inhabituel pour les journalistes scientifiques.

«La Chine a parcouru un chemin incroyable en recherche, dit le Dr Wainberg. Personne n'aurait pensé voilà 10 ans qu'ils seraient responsables d'une avancée aussi spectaculaire dans le domaine du sida. Ils ont vraiment mis les bouchées doubles.»

Guérison définitive

Mark Wainberg revenait mercredi d'une conférence à l'Institut Pasteur à Paris, qui portait sur les pistes menant à la guérison définitive des sidéens.

«C'est le consensus chez les chercheurs, dit le Dr Wainberg. Il faut arriver à la guérison. Actuellement, les pays riches paient pour les médicaments antisida utilisés dans le tiers-monde. On en est à 10 milliards US par année et ça continue à augmenter. Ça ne peut pas durer.»

L'étude chinoise pourra aider à développer un vaccin, car la cible d'un vaccin sera l'enveloppe virale, selon le Dr Wainberg. «Par contre, je ne pense pas que cette étude mènera à un médicament capable de guérir les malades.»