Peter Doherty, prix Nobel de médecine en 1996, a critiqué mardi les «scénarios-catastrophe» qui annoncent un nouveau virus grippal susceptible de tuer des millions de personnes dans le monde. Selon lui, les scientifiques sont désormais bien armés pour répondre aux pandémies.

Selon ce biologiste australien spécialiste en immunologie, un nouveau virus à forte mortalité et très contagieux pourrait surgir sans pour autant entraîner les conséquences qu'avait eues la grippe espagnole en 1918.

«Un grand nombre des morts (en 1918) sont imputables à des infections bactériennes secondaires et naturellement nous disposons aujourd'hui d'antibiotiques pour traiter ces infections», a-t-il affirmé devant des étudiants de l'université d'Otago, à Wellington.

«Quand on parle de pandémie, on évoque toujours ces scénarios-catastrophe. Ça passe bien à la télévision, et on écrit un tas de livres sur ces infections terribles qui vont tous nous tuer, mais je pense que nous nous en sortirons bien mieux qu'avec la plupart des pandémies survenues par le passé», a-t-il poursuivi.

La grippe de 1918, de type H1N1, a fait autour de 50 millions de morts jusqu'en 1920.

En 2003, il avait fallu trois mois pour analyser la souche de l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait causé la mort de plus de 800 personnes en Chine et déclenché une alerte sanitaire à l'échelle mondiale.

Aujourd'hui, quelques jours suffiraient, selon lui.

«Nous sommes extrêmement bons dans le diagnostic viral, la vitesse de détection et ce genre de choses, bien mieux que dans le passé, donc je ne crois pas qu'une pandémie puisse nous décimer», a-t-il répété.

En 2009, une épidémie mondiale de H1N1 avait provoqué la mort d'au moins 18 500 personnes entre avril 2009 et août 2010, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un taux de mortalité relativement faible pour ce genre de virus, a souligné M. Doherty.

Un autre virus, le H7N9, a contaminé une centaine de personnes en Chine depuis le mois de mars, faisant 35 morts, et un coronavirus proche du SRAS, détecté pour la première fois au Moyen-Orient, a contaminé une quarantaine de personnes, dont 20 sont mortes.