Patients, chercheurs et étudiants en science ont lancé un mouvement de mobilisation hors du commun dans tout le Québec, mercredi matin, afin de presser le gouvernement de revenir sur sa décision de réduire de 10 millions les fonds alloués à la recherche indépendante par le truchement du Fonds de recherche du Québec en santé (FQRS).

Des centaines de personnes se sont massées aujourd'hui dans une petite salle du centre de recherche de l'Hôpital Notre-Dame du CHUM pour se faire entendre. Des mouvements simultanés ont lieu dans les 18 centres de recherche de la province, tant à Québec qu'à Sherbrooke.

Le 7 décembre dernier, le Dr Jacques Turgeon, directeur de la recherche au CHUM, a résumé l'impact des compressions annoncées par le gouvernement dans un communiqué laconique: « De nombreux chercheurs ne se relèveront pas », avait-il déclaré. Selon lui, les coupes toucheront 85 % des bourses de formation allouées aux étudiants des cycles supérieurs, 50 % des bourses de carrière des chercheurs et au moins 30 % du budget accordé aux centres de recherche par le FQRS.

« Avec des coupes pareilles, on sera incapable de maintenir les plateformes de travail dans nos laboratoires, a expliqué le Dr Turgeon. Les travaux de nos chercheurs permettent des percées en pharmacogénétique, de dépister de façon précoce le diabète ou l'hypertension, et ce ne sont que des exemples. »

Une patiente atteinte d'un cancer chronique des ovaires, donc incurable à ce jour, et qui bénéficie d'un médicament prometteur dans le cadre d'un protocole de recherche, est au coeur du mouvement de mobilisation des centres de recherche. Présente au point de presse, Michèle St-Pierre a expliqué qu'elle en est à son troisième traitement de chimiothérapie en quatre ans et demi. La recherche est devenue son seul espoir.

« Avec mon type de cancer, les statistiques disent que le taux de survie est de 20 % après cinq ans. J'ai décidé qu'une statistique n'est pas une condamnation. Grâce au médicament, je ne perds pas mes cheveux, et je continue à travailler malgré la chimio. Actuellement, Mme Marois, vous tuez mon espoir», a-t-elle lancé dans un cri du coeur.

Politique durable en recherche

Les centres de recherche pressent en outre le gouvernement péquiste de donner suite à ses engagements électoraux et de présenter sans délai une politique scientifique « durable » pour remplacer la stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation.

Le Dr Turgeon a fait remarquer que la question sera à l'ordre du jour du Parti québécois cette semaine et que les dirigeants des centres de recherche n'ont pas été invités pour discuter de ce qu'ils veulent. «Le gouvernement doit agir rapidement et accélérer sa réflexion. On ne peut pas vivre avec des coupes et l'incertitude», a-t-il dit.

Dans son programme électoral, adopté en avril 2011 à son congrès national, le PQ a dit qu'il souhaitait hisser le Québec parmi les cinq premiers pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en négociant un espace fiscal en recherche avec le fédéral et en mettant à jour la politique scientifique du Québec.