Des chercheurs ont démontré qu'un virus de la grippe - connu pour sa capacité de destruction de cellules cancéreuses -, pouvait être transporté à une tumeur grâce à la circulation sanguine, et ce, sans être éliminé par les anticorps en chemin.

Dans une étude publiée mercredi dans la revue Science Translational Medicine, les scientifiques expliquent avoir découvert que le «réovirus» s'attachait aux cellules sanguines et s'en servait comme un bouclier contre les cellules du système immunitaire.

Le réovirus pourrait ainsi s'avérer une nouvelle forme de traitement du cancer, puisqu'il ne se contente pas de détruire directement les cellules cancéreuses mais déclenche aussi une réponse immunitaire - de la même façon qu'agirait un vaccin -, aidant du même coup à éliminer les cellules cancéreuses résiduelles.

Le virus, qui cause des maladies de voies respiratoires supérieures et gastrointestinales, est retrouvé fréquemment dans l'environnement, et la plupart des personnes y ont été exposées dans leur enfance pour ensuite développer des anticorps, a mentionné mercredi Alan Melcher, co-auteur de l'étude et professeur d'oncologie et de biothérapie à l'université de Leeds, en Angleterre.

Tous croyaient que si une personne avait des anticorps contre ce virus, le fait de l'injecter dans les vaisseaux sanguins n'entraînerait aucun effet puisqu'il serait simplement neutralisé par les anticorps, a-t-il poursuivi.

Mais les chercheurs ont réussi à démontrer qu'en liant le virus à des cellules sanguines dans le sang, il pouvait se cacher avec succès des anticorps pour pouvoir être transporté dans le flux sanguin jusqu'à la tumeur, a expliqué M. Melcher.

L'étude de M. Melcher a impliqué dix patients souffrant d'un cancer colorectal d'un stade avancé, et qui devaient subir une chirurgie pour leurs tumeurs, répandues dans le foie. Tous les patients ont reçu jusqu'à cinq doses intraveineuses de réovirus dans les semaines précédant leur opération.

Le réovirus a pu s'accrocher aux cellules sanguines, réussissant du même coup à éviter la réponse naturelle du système immunitaire et atteignant sa cible tout en demeurant intact. Une telle découverte pourrait s'avérer d'une importance cruciale pour l'absorption des virothérapies de ce genre dans la pratique clinique, a soutenu M. Melcher.

Les médecins n'étaient pas certains, jusqu'à présent, de la meilleure façon d'administrer des traitements expérimentaux basés sur les virus.

Les virus ayant la capacité de détruire des cellules cancéreuses peuvent être injectés directement dans les tumeurs, mais une telle procédure est complexe et envahissante, particulièrement avec les tumeurs logées profondément dans le corps comme le foie, les poumons et le pancréas.

L'avantage d'utiliser le réovirus, a soutenu M. Melcher, c'est que les patients ne souffrent pas d'effets secondaires, ou très peu. Dans le pire des cas, ils auront des symptômes semblables à une courte grippe d'intensité moyenne.

«Les effets secondaires sont très différents comparativement à ceux de la chimiothérapie ou de la radiothérapie. Et cela signifie que ces virus pourront être utilisés en combinaison avec d'autres traitements tels la chimiothérapie. Je suis certain que ce sera la prochaine étape», a lancé M. Melcher, soulignant que le réovirus ne serait pas un remplacement aux traitements actuels contre le cancer mais plutôt un complément.