La moitié des antibiotiques prescrits pour des vaginites sont inutiles, selon une nouvelle étude américaine. Contrairement à la théorie actuellement en vigueur, la flore microbienne vaginale change avec le temps et d'un individu à l'autre.

«En général, le type et l'abondance de microbes changent au fil du temps, souvent en fonction des menstruations», a expliqué en conférence de presse à Baltimore Jacques Ravel, microbiologiste à l'Université du Maryland et auteur principal de l'étude parue dans la revue Science Translational Medicine. «Mais chez certaines femmes, ça change peu. Et chez certaines femmes, les changements ne sont pas liés aux menstruations.»

Cela signifie que les diagnostics de vaginites sont très souvent erronés, selon les auteurs. «À mon avis, une fois sur deux, on utilise sans raison des antibiotiques», a affirmé en entrevue avec La Presse William Ledger, microbiologiste spécialisé en gynécologie à l'Université Cornell, à qui la revue a demandé d'écrire un commentaire sur l'étude. «Nous n'avons pas de données précises pour les vaginites dans leur ensemble. Mais pour ce qui est des vaginites attribuables à des champignons, plusieurs études ont montré que la moitié des ordonnances d'antibiotiques sont inutiles.»

L'auteur de l'une des études citées par M. Ledger, Daron Ferris, du Collège de médecine de Géorgie, a confirmé cette estimation à La Presse.

Les chercheurs de l'Université du Maryland, qui ont collaboré avec trois autres universités américaines, ont analysé 1000 échantillons recueillis pendant 16 semaines auprès de 32 patientes de 18 à 50 ans. Ils souhaitent maintenant mettre au point une façon de déterminer les patientes les plus à risque de vaginite. La vaginite est la cause la plus fréquente de visite chez le médecin pour les femmes en âge de se reproduire; elle a aussi diverses conséquences (accouchement prématuré, risque d'attraper une MTS).