Le taux de mortalité de la rougeole a reculé de 74% en dix ans, selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'autres organismes, publiée mardi dans la revue médicale Lancet. La plupart des décès sont recensés en Inde et en Afrique, où un nombre insuffisant d'enfants sont vaccinés.

> Sur le web: le site de la revue Lancet

> Sur le web: section de l'OMS sur la rougeole

Le nombre de cas mortels a reculé de 535 300, en 2000, à 139 300 en 2010, selon les estimations des chercheurs, soit environ 74%. Mais ces données sont basées sur les chiffres de 65 pays seulement. Pour les 128 autres, il s'agit d'extrapolations. C'est en Afrique subsaharienne que les progrès sont les plus importants, avec une chute de 85% en dix ans, grâce aux campagnes de vaccination.

Malgré cette baisse importante, l'objectif de réduire de 90% le taux de mortalité d'ici 2010 n'a pas été rempli. «Cela reste un immense succès», a commenté Peter Strebel, spécialiste de la rougeole à l'OMS et l'un des auteurs de cette étude, financée par les CDC (centres américains de contrôle et de prévention des maladies). Il a ajouté que le taux mondial de couverture vaccinale de 85% était le plus élevé jamais enregistré.

La rougeole est l'une des maladies les plus contagieuses et touche principalement les enfants. Elle se présente notamment sous la forme d'une forte fièvre, de la toux et une éruption cutanée. Elle tue un à deux enfants sur 1000, et peut également entraîner des fausses couches ou des accouchements prématurés chez les femmes enceintes.

La variole est la seule maladie humaine qui a été éradiquée, et les autres initiatives visant à faire disparaître d'autres maladies, comme la poliomyélite, ont pour l'instant échoué.

«Je suis réservée sur l'adoption d'un trop grand nombre de campagnes d'éradication au même moment», souligne Nancy Leys Stepan, auteur d'un ouvrage sur l'éradication des maladies et professeur à l'université de Columbia, qui n'a pas participé à l'étude. Il est selon elle plus prudent de chercher à obtenir une réduction de la rougeole, plutôt que d'essayer de l'éliminer.

La maladie a progressé ces dernières années en Europe, avec un taux de contamination multiplié par trois depuis 2007. Une progression que les médecins attribuent au scepticisme de la population à l'égard du vaccin et de la gravité réelle de la rougeole.

Le premier vaccin a été mis sur le marché aux États-Unis en 1963. Il est maintenant largement intégré dans les programmes de vaccination des pays développés. L'an dernier, 222 cas ont été enregistrés aux États-Unis, chiffre le plus élevé en 15 ans. Il s'agissait pour la plupart de cas importés par des visiteurs étrangers ou par des Américains contaminés à l'étranger.

Daniel Berman, spécialiste de la vaccination à Médecins sans frontières, constate pour sa part que le nombre de cas a fortement augmenté depuis deux ans en Afrique, principalement en raison d'une régression dans les campagnes de vaccination et les financements. «C'est un défi de lancer des campagnes contre la rougeole dans des pays où les systèmes sont faibles.» 

Sur le Net:

www.lancet.com

https://www.who.int/topics/measles/en/