Implanter une pharmacie intelligente dans le corps des patients. C'est la prouesse technique que des chercheurs de l'Institut technologique du Massachusetts (MIT) ont annoncé jeudi avoir réalisée; un tour de force qui, selon eux, marque l'avènement de la télémédecine.

La puce créée par ces scientifiques a la taille d'une clé USB. Insérée dans le corps des patients au niveau du bassin, elle relâche des doses de médicaments à un intervalle programmé. L'avancée technologique, expliquent les chercheurs, pourrait bénéficier aux personnes atteintes de maladies chroniques.

Traiter les maladies chroniques

«Les patients n'auront plus à se souvenir de prendre leur médication ou à craindre la douleur d'une injection», s'enthousiasme Robert Farra, président de la société MicroCHIPS, fondée pour commercialiser l'invention.

Dans une étude publiée dans Science Translational Medicine, les chercheurs rapportent avoir testé la puce sur sept femmes atteintes d'ostéoporose, une maladie qui requiert normalement l'injection quotidienne de médicaments. Aucun inconfort ou effet secondaire n'a été ressenti.

Selon Michael Cima, un des professeurs du MIT qui ont participé à la recherche sur le produit, l'ostéoporose était la maladie idéale pour tester la puce. «Cette maladie ne donne pas de signal pour nous permettre de nous rappeler que nous sommes malades, explique-t-il. On se sent bien. Ça enlève beaucoup de la motivation à prendre la médication.»

La principale utilité de la pharmacie intelligente est justement de contourner le problème de la motivation. «Une grande difficulté de la pratique médicale est d'être certain que les patients prennent leurs médicaments, affirme Robert Farra. Une recherche a démontré que 50% des patients ne se conforment pas à leur prescription de cachets, un taux qui grimpe à 75% lorsque les personnes doivent s'injecter leur médication.»

Les appareils jusqu'à présent utilisés ne peuvent contenir que 20 rations de médicaments, mais les chercheurs espèrent créer d'ici deux ans une version à 365 doses. Mais, prévient-on, tous les médicaments ne pourront pas être contenus dans la puce. «L'insuline, par exemple, n'est pas assez concentrée en petite dose pour être placée dans l'appareil, mais d'autres traitements contre le diabète comme le GP1 le sont», indique Michael Cima.

Malgré cette limite, la création de l'appareil demeure une avancée prometteuse pour Robert Farra. «J'entrevois le jour où un implant pourra répondre aux besoins de vaccination d'une personne pendant sa vie entière», dit-il.