La détection précoce est possible chez les grands fumeurs, montre une récente étude américaine. La tomographie axiale permet de diminuer de 20% la mortalité liée au cancer du poumon par rapport à la radiographie.

«Trois études importantes avaient tenté de faire de la détection précoce avec des analyses de crachats et des radiographies, il y a 30 ans, mais ça n'avait pas marché», explique Gaston Ostiguy, pneumologue à l'Université McGill, vers qui l'Association pulmonaire du Québec a dirigé La Presse. «C'est la première fois qu'on réussit. Mais ça demeure préliminaire. Les auteurs eux-mêmes disent qu'il est trop tôt pour modifier les recommandations.»

La technique a permis de diminuer le nombre de décès de 309 par 100 000 personnes-années à 247 par 100 000 personnes-années, sur les deux ans de suivi. «C'est à la limite du détectable, dit le Dr Ostiguy. Je crois que ça finira par être utilisé, mais pour des personnes encore plus à risque. Par exemple, des gens qui ont fumé un paquet et demi à deux paquets par jour, ou encore des fumeurs qui ont aussi été exposés à d'autres polluants qui augmentent le risque de cancer du poumon, comme l'amiante, le nickel, le chrome ou le radon. Il y a d'ailleurs une étude scandinave qui teste cette possibilité, avec des fumeurs exposés à l'amiante.»

Le problème des faux positifs

Les 53 000 participants à l'étude, publiée dans le New England Journal of Medicine à la mi-juin, avaient de 55 à 74 ans et avaient fumé un paquet par jour pendant au moins 30 ans. Les auteurs ont comparé la tomographie avec la radiographie pour faciliter le recrutement - il n'existe pas de programme de dépistage avec radiographie au Québec ou aux États-Unis. Une autre étude comparant la tomographie avec l'absence de dépistage sera publiée sous peu, selon l'auteure de l'étude du New England Journal of Medicine.

Le problème principal de cette approche de détection, selon le Dr Ostiguy, est qu'elle surchargerait de travail les services de radiologie, qui ont déjà des listes d'attente de trois à six mois, et qu'elle comporte 90% de faux positifs. «Les faux positifs augmentent l'anxiété des patients. Il y a des tests qui se révèlent inutiles. On l'a vu avec le cancer du côlon.»

Le pneumologue montréalais estime que l'avenue la plus efficace pour diminuer les cas de cancer du poumon est d'encourager les fumeurs à écraser plus jeune. «Une étude britannique a montré qu'une personne qui arrête avant 35 ans n'a pas plus de risques que les non-fumeurs. Cela dit, la détection précoce a sa place. Le taux de survie à cinq ans du cancer du poumon est passé de 12-13% à 17-18% en 30 ans. Ce n'est pas une détection très forte. Si on détecte la tumeur au stade 1, quand elle mesure moins de trois centimètres, le taux de survie passe à 80%.»