Habiter en ville augmente les réactions au stress, selon une nouvelle étude internationale à laquelle participe un chercheur de l'Université McGill. Cela pourrait expliquer pourquoi le risque de psychose et de schizophrénie double chez les citadins, quand on les compare aux campagnards.

«On savait que le stress est l'un des facteurs contribuant à l'apparition de psychose et que l'incidence de la psychose est plus grande en ville», explique Jens Pruessner, directeur de l'axe de recherche sur l'âge et l'alzheimer à l'Institut Douglas, qui a travaillé avec des chercheurs de l'Université de Heidelberg. «Les chercheurs allemands ont voulu vérifier que l'effet du stress est plus élevé en ville. Ils se sont servis d'une technique d'induction du stress qui a été mise au point au Douglas.»

Les résultats, publiés dans la revue Science, montrent que plus on a de voisins, plus on réagit fortement au stress.

«On voit une augmentation entre la campagne et les petites villes, et entre les petites villes et les villes, dit M. Pruessner. On voit aussi que, si on a grandi dans une ville, la réponse est plus profondément enracinée. Les gens qui habitent en ville depuis quelques années seulement ont une activité accrue de l'amygdale, une région du cerveau impliquée dans la gestion du stress. Ceux qui ont grandi en ville ont aussi une activité accrue de la région du cerveau qui contrôle l'amygdale elle-même. Cela signifie que même si un citadin de naissance déménage en campagne, il sera vulnérable au stress.»

Les analyses ont été faites auprès de 32 cobayes qui ont subi des examens de tomodensitométrie de cerveau lors de l'administration du test de stress élaboré au Douglas. Des études antérieures montrent que le tiers des cas de schizophrénie seraient en partie dus au fait d'habiter en ville.

Des avantages en ville

Dans un commentaire publié par Science, des psychologues de l'Institut de technologie de Californie (Caltech) soulignent que la ville n'a pas que des impacts négatifs sur la santé mentale: le taux de suicide y est plus faible qu'en campagne, peut-être à cause de la stimulation mentale, des réseaux sociaux plus denses ou encore de l'accès plus facile aux services de santé.

«Le stress n'est pas inutile, souligne M. Pruessner. Si on n'a aucune stimulation, aucun défi, il est difficile de rester motivé. On voit par exemple que les gens qui se retrouvent sans rien à faire à la retraite ont parfois des problèmes. Il faut trouver l'équilibre du stress.»

Le chercheur montréalais veut maintenant étudier les autres marqueurs du stress, comme le taux de cortisol et le rythme cardiaque, ainsi que d'autres problèmes de santé mentale, comme la dépression et le surmenage, en ville et en zone rurale. Les psychologues de Caltech proposent aussi de se pencher sur le lien entre l'amygdale et la taille du réseau social entretenu par un individu, et entre l'amygdale et la sensation d'être envahi dans son espace personnel.