Alors que les sociétés de pédiatrie du monde entier révisent leurs lignes directrices sur la circoncision pour tenir compte de récentes études montrant qu'elle réduit la transmission des maladies transmissibles sexuellement (MTS), une pédiatre néo-écossaise lance un pavé dans la mare. Dans le Journal de l'association médicale canadienne, elle propose que l'opération soit faite à la préadolescence pour que les petits patients aient leur mot à dire.

«Si on veut recommander la circoncision pour réduire le taux de MTS, je ne vois pas pourquoi ça devrait être fait à la naissance», explique Noni MacDonald, de l'Université Dalhousie, en entrevue téléphonique. «Les enfants n'ont pas d'activité sexuelle. On donne le vaccin contre le virus du papillome humain à la préadolescence. Il n'y a aucune raison de penser que la circoncision est moins douloureuse à la naissance. On fait beaucoup d'efforts pour que les vaccins pour les nouveaux nés soient moins douloureux. Leur imposer la circoncision dans ce contexte est absurde. À la préadolescence, ils peuvent donner leur consentement éclairé.»

Des études en Afrique ont montré que la transmission du sida baisse de 60% chez les hétérosexuels circoncis. Mais les résultats sont moins importants en Amérique du Nord où la baisse est seulement de 16%, indique la Dr MacDonald. Le sida est, en Amérique du Nord, davantage concentré chez les homosexuels, qui sont moins protégés par la circoncision. La pertinence de la circoncision est donc bien moindre, selon la pédiatre.

Mark Wainberg, qui dirige, à l'Hôpital juif, le Centre de recherche sur le sida de l'Université McGill, n'est pas convaincu que la circoncision systématique soit nécessaire au Canada. Mais il estime que la douleur liée à la circoncision est certainement plus importante à l'adolescence à cause de la croissance des tissus depuis la naissance.

«Je ne suis pas sûr qu'on puisse considérer qu'un préadolescent est vraiment capable d'une décision éclairée», ajoute-t-il.

La Société canadienne de pédiatrie a indiqué qu'elle était en train de réévaluer ses recommandations sur la circoncision. Pour le moment, elle considère les risques et les bénéfices égaux et, par conséquent, elle ne recommande pas la circoncision systématique des nouveaux nés.

La Société de pédiatrie australienne est la seule à avoir sorti de nouvelles lignes directrices sur la base des études sur la transmission des MTS. En septembre 2010, elle a répété, malgré tout, que les risques et les bénéfices se valent.

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La circoncision au Canada

1975 / 2005

Canada 44% 32%

Québec 22% 12%

Ontario 58% 44%

Colombie-Britannique 54% 30%