Implanter un seul embryon à la fois dans l'utérus de femme qui ont recours à la procréation assistée permettrait d'éviter des décès de bébés et d'importantes dépenses de santé, estiment des médecins dans une étude publiée jeudi au Canada.

Dans une année statistique, «à travers tout le Canada, il y aurait 840 bébés en moins admis aux unités de soins intensifs, on éviterait 40 décès, 46 cas de lésions au cerveau et 42 400 journées d'hospitalisation», évalue ainsi Keith Barrington, auteur principal de l'étude parue dans le US Journal of Pediatrics.

Une journée d'hospitalisation coûte environ 1000 dollars par enfant malade et l'économie potentielle atteindrait 42,4 millions de dollars, selon les chercheurs de l'Université de Montréal.

Des femmes qui n'arrivent pas à tomber enceintes optent souvent pour la fécondation in vitro (FIV), qui consiste à féconder un oeuf avec du sperme dans une éprouvette, puis à implanter l'embryon dans l'utérus de la patiente.

Elles choisissent souvent d'en implanter plusieurs pour augmenter leurs chances d'enfanter et pour ne pas avoir à payer un nouveau traitement -entre 10 000 et 15 000 dollars- en cas d'échec.

Les chercheurs montréalais ont étudié les archives de l'Hôpital Royal Victoria pour décrire les suites des implantations multiples entre 2005 et 2007.

Durant cette période, les unités de soins intensifs ont accueilli 75 nouveaux-nés venant de naissances multiples consécutives à des FIV.

«Parmi ces 75 bébés, il y a eu six décès, cinq cas d'hémorragie cérébrale et quatre de cécité potentielle», a dit le Dr Barrington.

L'année dernière, le Québec a voté une nouvelle politique: la province couvre les frais pour trois tentatives de FIV, mais exige qu'un seul embryon soit implanté à chaque fois.

Depuis l'adoption de cette politique en juillet 2010, la gestation de jumeaux est tombée de 30% à 3,8% dans la province, selon des chiffres provisoires, a encore indiqué le Dr Barrington.

Si le reste du Canada -voire les États-Unis où l'on pratique 20 fois plus de FIV- adoptait cette règle, les naissances multiples et les complications qu'elles entraînent seraient fortement réduites, conclut l'étude.