Le plus ancien cas connu d'athérosclérose, un épaississement des artères, a été diagnostiqué sur la momie d'une princesse égyptienne, selon une étude présentée dimanche lors d'un important symposium de cardiologie à La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis.

Les chercheurs savaient depuis longtemps que les anciens Égyptiens connaissaient ce problème de plaques adipeuses qui se forment sur la paroi interne des artères, mais cette découverte laisse penser que cette pathologie est plus courante, et peut-être plus mystérieuse, qu'on ne le croyait jusqu'ici.

«Nous avons tendance à envisager les maladies du coeur et des artères coronaires comme étant liées au mode de vie moderne, du fait qu'elles se sont répandues dans les pays en développement au fur et à mesure qu'ils se sont occidentalisés», souligne Gregory Thomas, de l'Université de Californie à Irvine, l'un des auteurs de l'étude.

Mais les découvertes faites en étudiant les momies égyptiennes «montrent qu'il manque un élément dans notre compréhension des maladies cardiaques et que nous ne sommes peut-être pas si différents de nos ancêtres».

Les chercheurs ont réalisé des images par tomographie aux rayons X de 52 momies égyptiennes pour déterminer la présence éventuelle d'athérosclérose. Sur les 44 dont ils ont pu étudier les vaisseaux sanguins et le coeur, près de la moitié présentaient une accumulation de calcium dans les parois des vaisseaux.

La plus ancienne des momies présentant cette particularité était celle d'une princesse dont on pense qu'elle a vécu entre 1580 et 1550 av. J.-C. et qu'elle est probablement morte peu après avoir atteint ses 40 ans, selon les chercheurs.

Malgré un régime alimentaire plus léger, comportant notamment peu de viande et malgré le fait qu'ils ne fumaient pas de cigarettes, les anciens Égyptiens avaient des problèmes de santé comparables à ceux de nos contemporains.

Cela ne signifie pas qu'il faille ignorer les résultats des recherches actuelles, met en garde Adel Allam, de l'université Al-Azhar du Caire, coauteur de cette recherche.

«Des études récentes ont montré que le fait de ne pas fumer et de réduire la tension artérielle et le niveau de cholestérol permet de retarder la calcification des artères», souligne-t-il.

«D'un autre côté, on peut tirer de cette étude la conclusion que les humains sont prédisposés à l'athérosclérose, c'est pourquoi il faut prendre les mesures nécessaires pour qu'elle survienne le plus tard possible», conclut-il.