Les méta-analyses d'essais cliniques et autres recherches divulguent rarement les conflits d'intérêts des chercheurs avec les laboratoires pharmaceutiques finançant ces études, selon un rapport publié mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Une méta-analyse est une approche statistique combinant les résultats de plusieurs études indépendantes sur un problème donné.

Les auteurs de ces travaux de l'Université McGill à Montréal ont examiné 29 méta-analyses incluant 509 essais cliniques portant sur différents médicaments. Seulement deux (7%) de ces méta-analyses précisaient la source du financement des différents auteurs de ces études cliniques.

Et aucune de ces méta-analyses, qui ont été publiées dans plusieurs grandes revues médicales, n'indiquait les liens financiers existants entre les auteurs des essais cliniques et les firmes pharmaceutiques.

Sur les 509 essais cliniques examinés, 62,5% (318) précisent la source du financement. Parmi ces 318 études, 68,9% (219) ont été en partie ou entièrement financées par des laboratoires et 30,5% par des sources autres que l'industrie pharmaceutique. Moins d'un pour cent n'ont bénéficié d'aucun financement.

Les liens financiers entre les auteurs des études et les firmes pharmaceutiques ont été dévoilés dans 25,9% des 509 essais cliniques (132). Dans ce cas de figure, 69% (91 sur 132) des études font état d'intérêts financiers avec l'industrie pharmaceutique.

«Il y a un consensus général sur la nécessité d'une transparence totale quant à la divulgation des conflits d'intérêts dans la recherche biomédicale», soulignent les auteurs de ce rapport paru dans le JAMA daté du 9 mars.

«Or les résultats de notre étude mettent en lumière un énorme fossé entre ce qui est souhaitable et la pratique courante», poursuivent-ils, déplorant l'absence de règles à cet égard pour les méta-analyses, contrairement aux essais cliniques.

«Les méta-analyses sont citées davantage que n'importe quelles autres études cliniques (...) dans les guides de pratique médicales», relèvent ces chercheurs. Elles permettent en effet d'analyser plus précisément les données, en raison du plus grand nombre de cas étudiés, et de tirer une conclusion générale.

«Sans une indication dans les méta-analyses des conflits d'intérêt spécifiés dans les études cliniques, les utilisateurs de ces méta-analyses pourraient ne pas avoir accès à des informations importantes pouvant influencer l'évaluation du risque de traitements», jugent-ils.

En effet, «les essais cliniques financés par l'industrie pharmaceutique produisent comparativement plus souvent des résultats ou conclusions, en termes d'efficacité et d'innocuité, favorables au médicament du laboratoire qui paye pour l'étude», soulignent les auteurs de ce rapport.