La manière dont certaines algues se défendent contre des champignons parasites en émettant une réponse chimique pourrait aider à mettre au point de nouveaux médicaments contre le paludisme, selon une étude présentée lundi lors d'un colloque scientifique à Washington.

Le paludisme, provoqué par le parasite Plasmodium falciparum, est responsable de la mort de plus d'un million de personnes par an dans le monde, et la mise au point de nouveaux traitements est cruciale, car le parasite a développé des résistances aux médicaments les plus utilisés.

«Il ne reste plus que deux ou trois médicaments efficaces contre le paludisme partout dans le monde, c'est pourquoi nous espérons que ces molécules continueront à se révéler prometteuses une fois développées en pharmacie», a expliqué Julia Kubanek, professeure associée à l'Université Georgia Tech (Géorgie sud-est).

Des chercheurs ont découvert les bromophycolides, des composés chimiques assurant la défense immunitaire des algues, en étudiant 800 espèces d'algues au large des îles Fidji.

Une algue en particulier, Callophycus serratus, a attiré leur attention, «car elle semblait particulièrement apte à combattre les infections microbiennes», selon l'étude présentée par Mme Kubanek lundi lors de la conférence annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS) réunie à Washington.

«L'algue rassemble ses défenses et les déploie de manière à bloquer les points d'entrée des microbes susceptibles de l'envahir et de provoquer des maladies», explique la chercheuse.

«Les algues n'ont pas le même type de réponse immunitaire que les humains, mais à la place, elles ont des composés chimiques présents dans leurs tissus qui les protègent», résume-t-elle, estimant que l'on peut «utiliser ces processus chimiques dans l'intérêt des humains sous la forme de nouveaux traitements».

Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires, en particulier sur des souris, avant de pouvoir fabriquer un médicament, car «la probabilité pour que ces molécules possèdent la chimie exacte utile aux humains est relativement faible», avertit l'étude.