Des doutes grandissants entourent ces derniers mois l'utilité du test standard de détection du cancer de la prostate, le PSA, que son inventeur lui-même qualifie désormais de «grande erreur».

Début mars, l'American Cancer Society (ACS), qui ne recommande pas de pratiquer des tests PSA (prostate specific antigen) de routine pour la plupart des hommes depuis les années 90, a exhorté les médecins à parler franchement avec leurs patients de ses risques et limites.

Ces nouvelles recommandations sont basées sur les premiers résultats de deux études, une conduite en Europe et l'autre aux Etats-Unis, publiées en 2009 dans la prestigieuse revue médicale américaine New England Journal of Medicine.

Ces essais cliniques ont révélé que le PSA -une mesure sanguine du taux d'une protéine produite par la prostate- ne permettait pas de conclure avec certitude que ce test permettait de sauver des vies.

L'étude américaine a porté sur plus de 76 600 hommes de plus de 55 ans, dont la moitié a fait l'objet d'un PSA chaque année pendant six ans et d'un examen rectal tous les quatre ans. Elle montre peu de différence dans le taux de mortalité en comparaison avec le groupe témoin à la septième année ainsi qu'à la dixième année de suivi.

L'essai clinique européen conduit avec 182 000 hommes durant neuf ans est un peu plus encourageant, faisant ressortir une réduction de 20% de la mortalité par cancer de la prostate dans le groupe soumis régulièrement au test. Mais il montre aussi qu'il faut traiter 48 hommes pour en sauver un et donc que pour 47, ces procédures étaient inutiles.

Le problème avec le PSA est qu'il ne permet pas de faire la distinction entre des cancers agressifs, requerrant une intervention, et des tumeurs se développant lentement qui, en fonction de l'âge de la personne, ne seront probablement pas la cause du décès, explique l'ACS dans un communiqué.

Des résultats erronés

De plus ce test peut donner des résultats erronés.

Au nom du principe de précaution les médecins recommandent en cas de test positif de procéder à des biopsies douloureuses ou à des interventions chirurgicales aux conséquences néfastes comme l'impuissance sexuelle.

L'ACS recommande désormais que les hommes, en bonne santé, ne présentant aucun symptôme de cancer de la prostate et ayant une espérance de vie d'au-moins dix ans, soient informés dès 50 ans par leur médecin des incertitudes, risques et bienfaits potentiels d'un test PSA avant de décider de s'y soumettre.

«Pour ce groupe, les risques d'un test PSA sont probablement plus élevés que ses bienfaits», écrit l'ACS.

Les hommes américains présentent 16% de risque d'avoir un cancer de la prostate mais avec seulement 3% de probabilité d'en mourir, souligne le Dr Richard Ablin, professeur d'immunobiologie à la faculté de médecine de l'Université d'Arizona (sud ouest), qui a découvert le PSA en 1970.

Ceci s'explique par le fait que la plupart de ces cancers se développent lentement, explique-t-il dans une longue tribune publiée le 10 mars dans le New York Times.

Il y rappelle que l'agence américaine des médicaments (FDA) avait autorisé la commercialisation du PSA en 1994 en s'appuyant sur une étude qui montre que ce test pouvait détecter 3,8% des cancers de la prostate, soit mieux que le taux obtenu par l'examen rectal traditionnel.

La communauté médicale commence trop lentement à revenir sur l'utilité du PSA, déplore le Dr Ablin qui attribue cette mauvaise volonté à l'appat du gain des laboratoires pharmaceutiques.

Selon lui, le PSA coûte au moins trois milliards de dollars chaque année.