Un congrès international sur l'alzheimer a lieu à Montréal jusqu'à samedi. Plus de 700 participants étrangers se sont déplacés. Ils veulent répondre à une question urgente: peut-on détecter les gens qui sont le plus à risque d'avoir l'alzheimer?

«Ce qu'on vise, c'est une approche comme pour les maladies cardiovasculaires», explique Serge Gauthier, neurologue à l'Institut universitaire Douglas, qui est l'un des organisateurs de la réunion au Palais des congrès. «On pourrait donner des médicaments, l'équivalent des statines, à partir de 40 ans. Mais comme l'alzheimer est une maladie compliquée, qui peut être constituée de cinq pathologies différentes, il y aura probablement beaucoup de conseils de style de vie, de diète ou d'activités physiques ou cognitives.»

 

Hier matin, une conférence a abordé un débat qui fait rage parmi les spécialistes: doit-on se fier à l'imagerie médicale (PET-scan) ou à l'analyse biochimique d'un échantillon recueilli lors d'une ponction lombaire. «Pour le moment, le problème principal du PET-scan, c'est le coût, estime le Dr Gauthier. Les changements structurels sont assez évidents à voir.»

D'ici peu, une personne pourrait dès le début de la soixantaine avoir accès à ces tests, si elle souffre de pertes de mémoire ou a un historique familial d'alzheimer précoce, entre 60 et 75 ans. «On ne peut pas actuellement détecter l'alzheimer avec l'imagerie médicale assez tôt pour le prévenir. Mais on peut gagner deux ans dans l'identification de la maladie, ce qui permettra aux patients de s'enrôler dans des essais cliniques pour de nouvelles molécules. Si ces nouveaux médicaments fonctionnent, ils seront les premiers à en bénéficier.»

Cet après-midi, les directeurs de recherche des cinq grands réseaux mondiaux de recherche sur l'alzheimer se réunissent pour s'entendre sur un protocole commun. «On veut en arriver à une liste de questions qui pourraient être posées dès 40 ans, pour déterminer le risque relatif. On peut même penser à des tests génétiques, un peu comme le cancer du sein, pour raffiner le traitement.»

Le neurologue montréalais a bon espoir que le financement de ces recherches sera facile à obtenir. «Beaucoup de gouvernements sont prêts à donner de l'argent. Grâce au plan Sarkozy en France, qui prévoit beaucoup d'argent pour l'alzheimer, il y a un effet d'entraînement. Un projet de loi prévoyant des subventions de 1 milliard US est sur la table d'Obama. Et il y aura des projets de loi au Québec et au Canada aux sessions parlementaires d'automne.»

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