Les bas de contention fréquemment prescrits après un accident vasculaire cérébral (AVC) sont inefficaces à prévenir la survenue d'un caillot sanguin chez ces patients, selon une étude publiée mercredi dans The Lancet. Ils peuvent en outre entraîner des ulcères de jambe et des ampoules.

Ces bas sont prescrits par les médecins dans le but de prévenir une phlébite. Ce caillot veineux situé dans la jambe peut en effet être fatal s'il migre dans le poumon ou le coeur.

Environ les deux tiers des patients ayant souffert d'un AVC ne peuvent plus marcher à leur entrée à l'hôpital, et cette immobilité en position allongée entraîne une phlébite dans 20% des cas.

Les bas de contention agissent en serrant les jambes, ce qui facilite la circulation sanguine. Ils peuvent être utilisés à la place ou en association avec des anticoagulants, notamment avec de l'héparine.

Mais une étude portant sur 2500 patients australiens, britanniques et italiens va à l'encontre de ces pratiques: les résultats ne montrent aucune diminution du risque de thrombose veineuse chez les personnes portant les bas, qui peuvent par ailleurs entraîner des problèmes tels que des ulcères de jambe ou encore des ampoules. Les résultats publiés dans The Lancet ont été simultanément présentés à Stockholm lors de la Conférence européenne sur l'AVC.

Quelques experts ont été surpris des résultats. «Nous avons utilisé des bas de contention parce que nous supposions qu'ils étaient efficaces», a déclaré le Dr Ralph Sacco, président élu de l'Association américaine du coeur, qui n'a aucun lien avec l'étude. «Mais de temps en temps, vous êtes surpris quand vous découvrez la vérité au détour d'un essai randomisé» (répartition au hasard des sujets dans les groupes).

Les bas de contention étaient connus pour réduire le risque de thrombose chez les patients opérés, ce qui laissait penser aux médecins que cette solution «bon marché» pourrait être utile aux patients victimes d'AVC.

Dans l'étude, environ la moitié des patients recevaient un traitement standard en complément du port des bas. L'autre moitié ne suivait que le traitement standard. Les experts ont pratiqué une échographie de la jambe des patients après sept à dix jours, et une autre 25 à 30 jours après.

Environ 10% des patients des deux groupes ont développé un caillot sanguin. Dans le groupe portant des bas, 5% ont témoigné d'effets secondaires, notamment de problèmes cutanés et d'ampoules, alors qu'ils n'étaient que 1% dans l'autre groupe.

L'étude a notamment été financée par le Britain's Medical Research Council, le gouvernement écossais, Tyco Healthcare aux États-Unis et le Stroke Research Network, en Grande-Bretagne.

En Grande-Bretagne, 80 000 personnes en utilisent, conformément aux recommandations officielles. Martin Dennis, de l'Université d'Édimbourg, a contacté les autorités britanniques pour qu'ils revoient leurs recommandations. «Cela devrait provoquer un énorme changement dans notre façon de traiter les patients», a noté Martin Dennis, selon lequel en 2002, 90% des services d'AVC utilisaient des bas.

Aux États-Unis, de tels bas sont recommandés en association avec un traitement médicamenteux. Pour le Dr Sacco, les médecins devraient plus volontiers avoir recours au traitement médicamenteux.