Des laboratoires dans le monde se préparent déjà à la production d'un vaccin contre la grippe porcine en attendant que l'OMS décide de sa composition et de la date où ils devraient s'engager dans une production à grande échelle.

Pour obtenir un vaccin, il faut d'abord isoler le virus et réaliser son séquençage génétique, ce qui a été fait.

Le laboratoire de microbiologie du Canada, un des laboratoires de référence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) travaillant sur une souche virale, a même comparé des échantillons viraux de différentes origines (Mexique et Canada), et constaté qu'il n'y avait pas entre eux de «différence importante».

«La stabilité de la souche est excellente en ce moment», ce qui signifie que le vaccin en préparation va «être bon», a souligné à l'AFP le Pr Bruno Lina, directeur en France du centre sud de référence des virus de la grippe.

Pour la suite du processus, «on attend la communication de la souche par l'OMS», indique-t-on à Sanofi-Pasteur, numéro 1 mondial des vaccins anti-grippaux. Ce qui devrait être fait la semaine prochaine, selon l'OMS.

Le problème de la composition du nouveau vaccin n'a pas encore été résolu. Il peut être trivalent, comme le vaccin actuel contre la grippe saisonnière, et protégerait contre trois souches de virus grippaux, y compris le nouveau H1N1 d'origine porcine.

Il peut aussi être monovalent, ne protégeant alors que contre la seule souche du virus H1N1. Comme un vaccin monovalent est plus rapide à préparer on peut en produire bien davantage, un avantage décisif si l'épidémie se transforme en pandémie.

Mais tout concentrer sur un vaccin monovalent laisserait de côté le vaccin contre la grippe saisonnière, qui fait chaque année des centaines de milliers de morts dans le monde.

«Personne ne pense à laisser tomber le vaccin saisonnier, qui est en cours de production pour la prochaine saison», indique-t-on chez Sanofi-Pasteur.

Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre de référence de l'Institut Pasteur, note que la production aux États-Unis du vaccin saisonnier est «presque terminée» et penche vers un vaccin pandémique monovalent, qui pourrait être injecté «en même temps que celui de la saison».

La décision revient à l'OMS et sera prise après les réunions prévues le 14 mai, entre experts de l'organisation et fabricants de vaccins, et le 19 mai, entre fabricants et responsables.

On entrera ensuite dans le processus de production, et «se déterminer sur le timing avec l'OMS est essentiel», dit-on chez Sanofi-Pasteur.

Pour le fabriquer, les entreprises utiliseront pour la plupart le mode de production traditionnel, avec des oeufs de poule fécondés. Un processus par culture cellulaire est utilisé chez Baxter - mais à toute petite échelle. «Ce n'est pas ça qui va nous permettre d'avoir les six milliards de doses dont on a besoin», dit le Pr Lina.

Les industriels pourront-ils faire face à une pandémie qui obligerait à vacciner tout le monde ?

«Ca va dépendre des caractéristiques de la souche», dit-on chez Sanofi-Pasteur. Une étude publiée en février à l'initiative de la Fédération internationale de l'industrie pharmaceutique (IFPMA) fait apparaître une augmentation des capacités de production de 300% en deux ans.

On estime généralement que le vaccin peut être prêt environ quatre mois après que la souche a été fournie aux fabricants, et qu'on pourrait répondre en un an aux besoins de plus d'un milliard de personnes.