Les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l'ibuprofène et le naproxène n'empêcheraient pas le développement de la maladie d'Alzheimer, comme d'autres études l'avaient suggéré, selon des travaux parus mercredi.

Des travaux précédents avaient conclu que les anti-inflammatoires non stéroïdiens, qui comprennent aussi l'aspirine, pourraient avoir des effets protecteurs contre la démence et la maladie d'Alzheimer.

Cette étude, publiée mercredi dans le Journal of the American Academy of Neurology, montre au contraire que chez les patients les plus âgés, un usage élevé de ces anti-inflammatoires a accru de 66% le risque de développer la maladie d'Alzheimer.

L'étude a été conduite sur 2736 sujets âgés de 75 ans en moyenne au moment de leur recrutement et qui ne souffraient pas alors de démence.

Les chercheurs les ont suivis pendant douze ans pour voir s'ils développaient la maladie d'Alzheimer ou d'autres formes de démence.

Parmi les participants, 351 avaient des antécédents d'un usage élevé d'ibuprofène ou de naproxène, médicaments utilisés pour traiter les douleurs. 107 sont devenus de gros utilisateurs durant la période suivant le début de l'étude.

Durant ces douze années, 476 des participants ont développé Alzheimer ou une forme de démence.

Les auteurs ont déterminé que ceux ayant été traités avec de fortes doses d'anti-inflammatoires non stéroïdiens avaient un risque 68% plus élevé de développer l'Alzheimer ou de la démence que ceux qui en avaient pris peu ou pas du tout.

«Une différence importante entre cette étude et la plupart des recherches faites précédemment c'est que les participants sont plus âgés», explique le Dr John Breitner, du ministère des Anciens combattants et de la faculté de Médecine de l'Université de Washington à Seattle, principal auteur de ces travaux.

«Les résultats observés dans les études précédentes sur des sujets plus jeunes pourraient indiquer que ces anti-inflammatoires retardent l'apparition de la démence ou d'Alzheimer», relève le Dr Breitner.

Selon lui, «il est possible que ces délais dans l'apparition des symptômes d'Alzheimer entraînent une forte augmentation de l'incidence de la maladie dans le grand âge».

Mais «il ne s'agit que d'une interprétation de ces résultats et d'autres explications sont aussi possibles», souligne le chercheur.

Quelque 26 millions de personnes dans le monde souffrent d'Alzheimer et 5,3 millions aux États-Unis. Ce nombre devrait fortement augmenter, surtout aux États-Unis et en Europe, avec le veillissement de la génération du baby-boom.

La maladie d'Alzheimer est caractérisée par le développement progressif d'une démence, dominée par des troubles de la mémoire, de la confusion et des difficultés à s'exprimer. En évoluant, la maladie affecte de plus en plus les fonctions intellectuelles et le patient ne reconnaît même plus ses proches.