Des chercheurs canadiens s'apprêtent à entreprendre une expérience susceptible de conduire à un traitement plus facile et plus court de la tuberculose latente, ce qui augmenterait ses chances de succès.

Sous la direction du docteur Dick Menzies, de l'Université McGill, ils entameront sous peu des essais cliniques internationaux pour déterminer si une thérapie exigeant moitié moins de temps et comportant un risque moindre d'effets indésirables graves peut être aussi efficace que les normes de traitement actuelles.

On a grand besoin d'une telle étude, soutient le docteur Michael Gardam, directeur de la clinique de tuberculose au Toronto Western Hospital, qui a été impliqué dans un projet pilote mais ne participe pas aux essais cliniques.

Ceux-ci, qui sont financés par les Instituts de recherche en santé du Canada, seront annoncés ce mardi à Montréal.

Près de 6000 personnes porteuses d'une tuberculose latente (inactive) participeront à l'expérience dans cinq villes canadiennes ainsi qu'au Bénin, en Guinée, au Brésil, en Corée du Sud, en Australie et en Arabie saoudite.

La moitié d'entre elles suivront le traitement employé actuellement pour guérir la tuberculose latente, c'est-à-dire l'administration quotidienne d'isoniazide (INH) pendant neuf mois. Les participants de l'autre groupe prendront de la rifampicine pendant quatre mois.

Trouver un traitement plus rapide pour la tuberculose latente pourrait permettre de mieux contrôler la maladie. En effet, on sait que plus le traitement est long, plus il est difficile d'obtenir la collaboration du patient et de s'assurer qu'il suit effectivement son traitement jusqu'à la fin.

Pour le directeur de la section de lutte à la tuberculose à l'Organisation mondiale de la santé, la tenue de ces essais cliniques constitue une importante nouvelle. Mais le docteur Mario Raviglione souligne que si le traitement s'avère aussi efficace, il faudra sélectionner soigneusement les patients pour s'assurer qu'ils sont porteurs d'une tuberculose inactive et pas d'une tuberculose active, distinction difficile à établir dans certaines parties du monde ne disposant pas d'équipements de laboratoire sophistiqués. Sinon, on risque de développer des souches de tuberculose résistantes à la rifampicine, ce qui serait «catastrophique».