Des chercheurs américains ont développé une méthode de vaccination permettant d'obtenir une immunité immédiate, selon des expériences conduites sur des souris dont les résultats potentiellement prometteurs sont publiés lundi.

Cette nouvelle approche de vaccination pourrait être utilisée pour fournir une protection instantanée chez les humains contre des maladies provoquées par des virus, des bactéries ou des toxines et même contre des cellules cancéreuses, soulignent les auteurs de ces travaux parus dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datées du 2 mars.Ces chercheurs ont injecté à des souris des substances chimiques conçues pour déclencher une réaction immunitaire universelle programmable.

Ils ont aussi mis au point d'autres molécules capables de reconnaître des cellules spécifiques.

Une fois injectées dans les souris, ces molécules se combinent avec les anticorps pour créer d'autres anticorps capables de frapper des cibles programmées.

«Les anticorps contenus dans notre vaccin sont conçus pour rester inactifs jusqu'à ce qu'ils reçoivent des instructions des petites molécules faites sur mesure pour qu'ils attaquent une cible spécifique», explique le professeur Carlos Barbas du Scripps Research Institute, un des plus grands centres privés mondiaux de recherche biomédicale à but non-lucratif située en Californie (ouest).

«L'avantage de cette méthode est d'ouvrir la possibilité d'avoir des anticorps conçus et prêts à agir au moment même où l'on reçoit une injection de vaccin ou on avale un comprimé», ajoute ce chercheur, principal auteur de l'étude.

«Ce mécanisme doit fonctionner quelle que soit la cible: une cellule cancéreuse, la virus de la grippe ou une toxine responsable de la maladie du charbon que les soldats ou des populations civiles pourraient contracter durant une attaque bio terroriste», poursuit-il.

Au cours des tests, seules les souris traitées avec le vaccin et les molécules programmées ont vu leur organisme lancer une attaque immunitaire instantanée contre des cellules cancéreuses qui a entraîné une importante réduction de la croissance des tumeurs, soulignent les chercheurs.

C'est la première fois qu'un tel vaccin dit «covalent» a été testé avec succès sur des animaux.

Normalement les anticorps ne se combinent pas avec des composants chimiques, relèvent les auteurs de ces travaux.

Cette percée résulte de travaux conduits depuis ces dernières années par le professeur Barbas sur les anticorps monoclonaux programmés chimiquement, une nouvelle classe de traitements.

Trois essais cliniques sont actuellement conduits par le laboratoire américain Pfizer pour tester l'efficacité thérapeutique de ce nouveau type de thérapie contre le cancer et le diabète.