Imaginez-vous assis toute la journée à lire des scanners ou d'autres images médicales sur un écran d'ordinateur sans jamais voir personne. Telle est la vie de nombreux radiologues et une étude israélienne pourrait bien la modifier.

Cette étude, présentée mardi lors du congrès de la Société de radiologie d'Amérique du Nord à Chicago, fait apparaître que joindre à ces examens les photos des patients rend les radiologues plus attentifs à la lecture. Ils perçoivent des détails supplémentaires sur les clichés radiologiques et déclarent ressentir plus d'empathie pour ces personnes par ailleurs étrangères.

Ajouter au cliché radiologique la photo du patient est une technique simple, dont profiteraient les patients et les médecins, ont conclu les chercheurs.

Toutefois, le Dr James Thrall, président de l'Université américaine de radiologie, a fait observer qu'une généralisation de cette pratique aux États-Unis pourrait être problématique au regard des lois relatives à la vie privée. Selon lui, des études complémentaires sont nécessaires.

L'étude incluait 15 radiologues du centre médical Shaare Zedek de Jérusalem, dont 318 patients ont accepté d'être photographiés avant de pratiquer leur scanner. Les photos couleur apparaissaient automatiquement quand les médecins ouvraient les dossiers informatisés des patients.

L'étude ne portait pas sur la maladie que le scanner était censé étudier, mais plutôt sur les images secondaires qui apparaissent souvent sur les scanners, notamment des kystes rénaux chez des patients suspectés d'appendicite. Les médecins ont fait état de ces découvertes inopinées sur 81 scanners lorsque les photos étaient présentes.

Trois mois plus tard, les médecins ont revu les mêmes scanners, mais cette fois sans les photos et ont manqué 80% des images supplémentaires.

«Nous regardons ces images, sans toujours les noter, en particulier si elles sont considérées comme bénignes pour le patient», a reconnu le co-auteur de l'étude, la radiologue Irith Hadas-Halpern, de l'hôpital de Jérusalem.

Par ailleurs, les 15 radiologues ont rapporté que les photos leur faisaient ressentir plus d'empathie vis-à-vis des patients. «Quand vous comprenez qu'il s'agit d'êtres humains (...) votre attitude change», a souligné le Dr Hadas-Halpern. «Quand on voit qu'il s'agit d'une jeune femme ou d'un vieil homme malade, ça ajoute quelque chose.»

Selon elle, cette technique apporterait beaucoup aux radiologues qui utilisent la télémédecine et qui interprètent les clichés à distance.