Le directeur d'une ONG chinoise de soutien aux malades du sida a indiqué vendredi « regretter » d'avoir aidé le scientifique qui affirme avoir créé les premiers bébés génétiquement modifiés.

Le chercheur chinois He Jiankui a annoncé dans une vidéo diffusée en début de semaine sur YouTube la naissance de deux jumelles dont l'ADN a été modifié pour les rendre résistantes au virus du sida. Leur père est infecté par le VIH.

Afin de trouver des couples désireux de participer aux tests, le scientifique controversé est passé par l'association Baihualin, dont le fondateur lui aurait présenté 50 familles, selon la presse chinoise.

L'ONG gère plusieurs groupes de discussion en ligne, dont certains dédiés aux couples mariés qui sont touchés par le virus du sida - un important vivier de contacts pour les équipes de He Jiankui.

« J'avoue que je regrette beaucoup cet incident. Je suis également inquiet pour ces familles et ces enfants », a indiqué vendredi dans un communiqué Bai Hua, le directeur de l'association.

« J'ai vraiment envie de dire que j'ai été dupé. Mais je ne veux pas non plus me soustraire à mes responsabilités. »

L'expérimentation menée par He Jiankui a provoqué un tollé au sein de la communauté scientifique en Chine et à l'étranger.

Jeudi, le vice-ministre chinois des Sciences et Technologies Xu Nanping a dénoncé à la télévision d'État CCTV un mode opératoire « choquant et inacceptable ». Il a par ailleurs exigé la suspension des « activités scientifiques des personnes impliquées ».

La Commission nationale chinoise de la Santé, qui a rang de ministère, enquête actuellement sur l'affaire.

Le nombre de personnes infectées par le virus du sida en Chine est en augmentation ces dernières années. Environ 1,25 million d'individus y seraient contaminés par le VIH, a indiqué l'agence de presse officielle Chine nouvelle la semaine dernière.

Des porteurs continuent de subir des discriminations, notamment sur le marché de l'emploi. Cette situation complique le travail de prévention.