Le mouton est l'un des animaux domestiques les plus anciens et les plus prolifiques dont la diversité génétique et le potentiel de reproduction pourront contribuer à satisfaire les besoins alimentaires et en laine d'une population humaine grandissante, selon une étude publiée mardi.

Ces travaux réalisés à partir du séquençage du génome de cet ovidé ont pu reconstituer l'influence de l'homme sur cet animal depuis environ 11 000 ans pour le façonner aux divers environnements et améliorer la production de viande, de lait et de laine, expliquent ces chercheurs.

L'étude a identifié des régions particulières du génome du mouton qui paraissent avoir changé rapidement en réponse à la sélection de gènes contrôlant la couleur de la toison, la taille de l'animal, sa reproduction et surtout l'absence de cornes, l'un des premiers objectifs des croisements sélectifs effectués par les humains.

En détaillant ce qui a caractérisé la domestication du mouton et ses migrations à travers le globe, cette recherche conforte et enrichit également les connaissances actuelles sur les mouvements migratoires des populations humaines tout au long de l'Histoire, relève James Kijas, de l'Agence scientifique nationale australienne (CSIR0), principal auteur de cette recherche. Celle-ci paraît dans la revue américaine PLoSPublic Library of Science») Biology datée du 7 février.

Cette équipe scientifique a pu retracer les liens génétiques entre 2819 moutons qui appartiennent à 74 races différentes de tous les endroits du monde en comparant 50 000 molécules d'ADN à travers le génome.

Ils ont pu ainsi détecter les conséquences génétiques de la domestication et de la division en plusieurs centaines de races qui en ont découlé.

«Notre carte génétique détaillée nous indique que les races de moutons ont été formées de façon plus fluide qui les rend différentes des autres espèces d'animaux domestiques», relève James Kijas, un généticien moléculaire.

«Il cite des accouplements fréquents et un flot puissant de gènes entre des moutons de différentes lignées qui ont permis aux races d'ovidés les plus modernes de maintenir de hauts niveaux de diversité génétique et ce à la différence des autres bétails ou des races de chiens...».

«Cette très grande variété génétique signifie que les éleveurs de moutons peuvent continuer à s'attendre à obtenir d'importantes améliorations des traits de production de ces animaux qui pourraient contribuer à nourrir la population croissante du globe en quête de plus en plus de protéines animales», estime ce scientifique australien.

Un scanneur du génome pour détecter les signatures génétiques de la sélection au cours des 11 000 dernières années révèle 31 régions contenant des gènes pour la couleur de la toison, la morphologie du squelette, la taille du mouton, sa croissance et sa reproduction, indique l'étude.

Le mouton et la chèvre ont joué un rôle clé dans les tout premiers systèmes agricoles humains qui étaient basés sur l'élevage de ces animaux, expliquent les auteurs de cette communication.

La transition de la chasse à l'élevage s'est produite il y a environ 11.000 ans dans le Croissant fertile au Moyen-Orient.

La conséquence a été un changement profond de la société humaine alors que les troupeaux d'ovidés domestiqués et les cultures ont accru la stabilité de la subsistance humaine et dopé la croissance de la population et son expansion.

En même temps, la domestication des moutons et chèvres a modifié la morphologie de ces animaux, leur comportement et une partie de leurs gènes.

Les moutons ont d'abord été domestiqués pour leur viande avant que les humains ne commencent à exploiter leur laine et leur lait il y a 4000 à 5000 ans.

Aujourd'hui la Nouvelle-Zélande, l'Australie, le Royaume-Uni et la Patagonie (sud de l'Argentine) représentent les grandes régions d'élevage du mouton.

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