La diversité génétique des orangs-outans s'avère plus grande qu'escomptée, ce qui pourrait augmenter leurs chances de survie, selon des scientifiques qui publient jeudi la première analyse complète du génome de ce grand singe menacé.



Le génome de l'orang-outan - «l'homme de la forêt» - est resté «extraordinairement stable au cours des 15 derniers millions d'années», souligne Richard Wilson, directeur du centre de génomique de l'Université Washington (Saint-Louis, États-Unis) qui a dirigé ce projet.

Ce qui contraste, avec ses plus proches cousins, l'homme et le chimpanzé, dont le génome a subi des réorganisations à grande échelle «pouvant avoir accéléré leur évolution», relève le Pr Wilson dans un communiqué.

Une équipe internationale de scientifiques appartenant à une trentaine de laboratoires de huit pays différents a participé au séquençage du génome d'une femelle orang-outan, surnommée Susie, dont les résultats paraissent jeudi dans la revue scientifique britannique Nature.

Les chercheurs ont également étudié l'ADN de cinq autres orangs-outans de Sumatra et de cinq orangs-outans vivant sur une autre île indonésienne, Bornéo.

Alors que ces grands singes vivant dans les arbres étaient autrefois disséminés dans toute l'Asie du Sud-Est, ils ne restent maintenant que 40 000 à 50 000 orangs-outans à Bornéo et guère plus de 7000 individus sur l'île de Sumatra, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Ces deux groupes se sont séparés génétiquement voici 400.000 ans, beaucoup plus récemment que ne le laissaient supposer de précédentes études. Ils constituent maintenant des espèces séparées, mais étroitement apparentées, Pongo abelii (Sumatra) et Pongo pygmaeus (Borneo), selon les travaux publiés jeudi.

Il y a en moyenne une plus grande diversité génétique chez les orangs-outans que chez l'homme, explique Devin Locke, principal auteur de l'étude.

Et, grande surprise, la diversité est plus grande au sein de la petite population d'orangs-outans de Sumatra que parmi leurs proches cousins de Bornéo. Étonnés par cette découverte, les scientifiques estiment que cela pourrait accroître les chances de survie des deux populations.

Leur diversité génétique pourrait leur permettre de rester plus facilement en bonne santé et de s'adapter aux changements de leur environnement.

Mais «si la forêt disparaît, alors peu importe la diversité génétique, l'habitat est absolument essentiel», souligne Jeffrey Rogers (Baylor College of Medicine à Houston, Texas) autre coauteur de l'étude. «Si les choses continuent sur la même lancée pendant les trente prochaines années, nous n'aurons plus d'orangs-outans dans la nature sauvage», prévient-il.

Les orangs-outans qui peuvent vivre 35 à 45 ans en liberté, une dizaine d'années de plus en captivité, sont capables de fabriquer et d'utiliser des outils et d'une forme d'apprentissage culturel, deux caractéristiques longtemps jugées spécifiques à l'homme.