Il existe une similitude entre les gènes des personnes qui ont une longévité exceptionnelle, selon une étude menée par des chercheurs de l'Université de Boston mise en ligne récemment par le journal Science.

Les scientifiques ont étudié les génomes de quelque 1000 personnes de race blanche nées entre 1890 et 1910, dont l'âge médian était de 103 ans. Les résultats ont été comparés à un groupe témoin d'environ 1300 personnes.En se penchant sur 150 variables génétiques, les chercheurs ont réussi à prédire, avec une exactitude d'environ 77 pour cent, quels génomes appartenaient aux individus âgés de 100 ans, ou à ceux qui étaient tout près d'atteindre cet âge honorable.

Selon les scientifiques, environ 45 pour cent des sujets âgés de 110 ans et plus, appelés «supercentenaires», ont un génome possédant la proportion la plus élevée d'indicateurs associés à la longévité.

«Les centenaires sont des modèles de vieillissement sain», explique le docteur Thomas Perls, chercheur principal de ce projet et directeur de la chaire sur les centenaires de la Nouvelle-Angleterre. «Plusieurs se demandent s'ils voudraient vraiment atteindre l'âge de cent ans, car ils craignent que de graves maladies reliées à l'âge ne les guettent et que la mort ne frappe à la porte. Cela est faux», ajoute-t-il.

Des études antérieures ont d'ailleurs déjà démontré qu'environ 90 pour cent de ceux qui atteignent un âge honorable sont épargnés par l'invalidité jusqu'à l'âge de 93 ans, en moyenne. «Les maladies et les invalidités surviennent vers la fin de la vie, chez les centenaires. Chez les supercententenaires, elles sont même repoussées de quelques années», affirme le Dr Perls.

Atteindre un âge extrêmement avancé, même dans les pays industrialisés, demeure néanmoins un phénomène très rare: en ce moment, une personne sur 6000 souffle ses 100 chandelles et une personne sur 7 millions dépasse l'âge de 110 ans.

Les femmes sont toujours plus nombreuses que les hommes à vivre vieilles. Par contre, les hommes sont moins enclins à souffir de maladies et autres handicaps liés à l'âge. «Les hommes centenaires ont tendance à rester en forme plus longtemps que les femmes, précise le docteur Perls. Les femmes, pour leur part, gèrent mieux la maladie.»

Au cours de leur étude, les chercheurs ont été étonnés de découvrir que les centenaires possèdaient sensiblement les même prédispositions génétiques pouvant mener à des maladies reliées à l'âge, comme les maladies du coeur et la démence, au même titre que le groupe témoin.

Ce serait donc plutôt la protection offerte par certaines variables génétiques associées à la longévité qui ferait la différence, avance Paola Sebastiani, coauteure de l'étude. «Ces variables pourraient même contrer l'effet négatif de celles qui sont associées aux maladies», affirme-t-elle.

Mais le fait de pouvoir compter sur des bons gènes n'est pas à lui seul garant d'une longue vie, préviennent les auteurs de l'étude. L'environnement et le style de vie comptent pour beaucoup.

C'est la raison pour laquelle d'autres recherches s'imposent, soulignent-ils.

«Cette étude ne mènera pas forcément à l'élaboration de traitements pour permettre aux gens de devenir centenaires. Elle servira plutôt à trouver des façons de retarder l'apparition de maladies reliées à l'âge, comme la maladie d'Alzheimer», estime Thomas Perls.

Certes, si ces tests génétiques pouvaient permettre aux médecins de cibler les patients qui sont les plus susceptibles d'être frappés par des maladies reliées à l'âge, cela pourrait mener à des interventions préventives. «C'est une possibilité, reconnaît le Dr Perls. Évidemment, cela soulève des questions sur le plan de l'utilisation des informations génétiques personnelles par les médecins.»