Des chercheurs américains ont découvert un gène qui, une fois désactivé, permet aux souris de garder la ligne même si elles sont soumises à un régime alimentaire riche en graisses, selon une étude publiée jeudi aux Etats-Unis.

Ce gène, appelé IKKE, agit comme le principal centre de contrôle de l'obésité chez ces animaux de laboratoire. Quand il est désactivé, les souris restent minces même si elles consomment une nourriture très grasse, explique Alan Saltiel, directeur du Life Science Institute de l'Université du Michigan (nord), principal auteur de ces travaux.Si d'autres recherches montrent que ce même gène et la protéine qu'il produit jouent aussi un rôle dans l'obésité chez les humains, il sera alors la principale cible pour développer des traitements anti-obésité, contre le diabète et les complications qui en découlent, avance le chercheur.

«Nous avons étudié d'autres gènes ayant un lien avec l'obésité, que nous appelons +obesogenes+, mais le gène IKKE est le premier que nous avons découvert qui, désactivé, arrête la prise de poids des souris de laboratoire», explique M. Saltiel, dont l'étude paraît dans le Journal Cell daté du 4 septembre.

«Le fait de pouvoir empêcher tous les effets d'un régime alimentaire riche en graisse en désactivant ce seul gène chez les souris est très intéressant et surprenant», note le chercheur.

Une partie des souris a été soumise à un régime alimentaire dont 45% des calories provenaient de graisses. Un autre groupe a été nourri avec des aliments classiques, dont 4,5% de l'apport calorique venait de graisses.

Les souris des deux groupes ont commencé leurs régimes alimentaires à l'âge de huit semaines et les ont suivis jusqu'à ce qu'elles atteignent 14 à 16 semaines.

Le gène IKKE produit une protéine (de type kinase), également appelée IKKE. Cette protéine est une enzyme dont la fonction est d'activer ou de désactiver d'autres protéines. Selon les auteurs de la recherche, elle semble cibler des protéines agissant sur le métabolisme des souris.

Chez les souris dont le gène IKKE était actif et qui étaient soumises à un régime riche en graisses, le taux dans le sang des protéines kinases IKKE a augmenté, entraînant un ralentissement de leur métabolisme et une prise de poids.

Les souris dont le gène IKKE a été désactivé n'ont en revanche pas pris de poids car leur métabolisme a pu brûler plus de calories au lieu de les stocker sous forme de gras.

«Les souris avec le gène IKKE inactif ne font pas plus d'exercice que les autres animaux du groupe de contrôle, elles brûlent juste plus d'énergie», relève le scientifique.

Lui et son équipe recherchent désormais des molécules capables de bloquer chez les humains l'activité de la protéine kinase IKKE. Ces molécules pourraient alors servir au développement d'un traitement anti-obésité.

«Si on peut trouver une molécule capable de neutraliser cette protéine kinase, on devrait obtenir le même effet qu'en désactivant le gène IKKE», explique M. Saltiel.

Selon ce chercheur, si de telles molécules étaient découvertes, de nouveaux traitements anti-obésité et contre le diabète adulte (type 2) pourraient être commercialisés rapidement.