Des scientifiques canadiens se réjouissent que le président des États-Unis, Barack Obama, ait décidé lundi d'assouplir les restrictions à la recherche sur les cellules souches, faisant valoir qu'une présence américaine plus forte ne fera que contribuer à l'avancement dans ce domaine.

Mais bon nombre d'autres craignent également qu'un exode des cerveaux ne frappe leur pays, parce que les États-Unis, contrairement au Canada, injectent actuellement d'importantes sommes pour financer la recherche fondamentale.Ce domaine est toujours très concurrentiel, soutiennent-ils, et un élan de la recherche sur les cellules souches aux États-Unis compliquera la tâche des universités canadiennes dans leurs efforts de recrutement et de rétention des scientifiques oeuvrant dans ce domaine.

Les scientifiques croient que les cellules souches pourront éventuellement fournir des remèdes pour un grand nombre de maladies et de blessures, des lésions médullaires en passant par la fabrication de nouveaux organes, ou encore afin d'éliminer les dommages causés par des maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson.

Tim Caulfield, un professeur en sciences de la santé publique et droit de l'Université de l'Alberta, a dit craindre que le changement de position de Washington attire les chercheurs canadiens, qui figurent parmi les leaders mondiaux dans ce domaine.

«Qu'est-ce que cela signifie pour le Canada? D'une part, je crois que davantage de recherche et de financement est toujours bon, a-t-il fait valoir. Et les chercheurs canadiens ont beaucoup de collaborateurs aux États-Unis.»

«Mais, en même temps, nous faisons face à une drôle de situation, où, au Canada, nous n'avons pas opté pour la même stratégie économique à l'égard de la recherche. On semble couper radicalement dans le financement à la recherche au Canada, du moins en ce qui concerne la recherche fondamentale.»

Mick Bhatia, directeur du Stem Cell Biology Research Institute de l'Université McMaster, à Hamilton, en Ontario, et Michael Rudnicki, directeur du Réseau de cellules souches, abondent dans le sens de M. Caulfield.

«Je crois que c'est inévitable, a affirmé M. Bhatia. Les États-Unis regarderont du côté du Canada pour voir s'il y a des personnes voulant se joindre à eux pour leurs travaux.»

Pour sa part, Michael Rudnicki estime que l'engagement du gouvernement fédéral sur le financement de la recherche sur les cellules souches est ambigu, ce qui pourrait inciter des chercheurs canadiens à traverser la frontière.

Selon lui, les universités américaines tentent régulièrement de recruter les meilleurs chercheurs canadiens sur les cellules souches. Il dit d'ailleurs recevoir des propositions d'emploi aux États-Unis plusieurs fois par année.