Des chercheurs de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg (France) ont découvert qu'une mutation minime peut transformer une protéine virale provoquant la multiplication des cellules de cancer du col de l'utérus, en un facteur suppresseur de la tumeur.

Ces résultats, publiés mercredi en ligne par la revue spécialisée Oncogene, «permettront de concevoir de futures stratégies thérapeutiques contre ce type de cancers», selon les chercheurs.

L'infection par certaines souches de virus du papillomavirus humain (VPH/HPV), transmises par rapports sexuels, est cause majeure du cancer du col de l'utérus dans le monde.

Les cancers du col de l'utérus touchent près de 500 000 femmes chaque année dans le monde, dont 80% dans les pays en développement. Plus de 250 000 femmes en meurent tous les ans.

Le virus produit deux «oncoprotéines» - des protéines responsables de la prolifération des tumeurs - appelées «E6 et E7».

Les chercheurs de l'Institut Gilbert Laustriat (CNRS-université Louis Pasteur de Strasbourg, France), qui travaillent depuis 1995 sur ces virus, ont découvert qu'une mutation particulière peut transformer l'«oncoprotéine E6» en un facteur «suppresseur» de la tumeur.

Les chercheurs décrivent ainsi une mutation de la protéine E6 correspondant à «une modification extrêmement minime», qui a cependant suffi à transformer cette protéine virale favorisant le cancer, en son contraire, c'est-à-dire un facteur potentiellement bénéfique, capable d'arrêter la multiplication du cancer.

Les informations issues de cette étude «offrent la possibilité d'explorer des perspectives thérapeutiques à l'heure où les stratégies prophylactiques basées sur la vaccination posent un certain nombre de problèmes», selon l'université.

«Les vaccins actuels restent inaccessibles aux pays en voie de développement en raison de leur coût très élevé, et les personnes ayant été exposées au virus avant la vaccination ne seront pas protégées contre l'apparition d'un cancer du col dans les trente années à venir», selon cette institution.

Le prix Nobel de Médecine 2008 a été attribué au professeur Harald zur Hausen du Centre allemand de recherches contre le cancer de Heidelberg, pour avoir postulé puis démontré le lien causal entre l'infection par les VPH et le cancer du col de l'utérus.