Des chercheurs américains ont découvert une manière plus efficace de fabriquer un génome synthétique qui pourrait les mener à terme à créer de la vie artificielle, selon une étude de l'Institut Venter, dirigé par le pionnier controversé des biotechnologies Craig Venter.

La méthode est déjà utilisée pour élaborer une nouvelle génération de biocarburants et pour la biochimie, dans les laboratoires du chercheur américain, déterminé à créer une forme de vie artificielle en dépit des questions éthiques que suscitent ses travaux.

Son institut avait déjà annoncé en janvier avoir réussi à créer le premier génome synthétique d'une bactérie. Le génome est l'ensemble de l'ADN présent dans le noyau de chacune des cellules d'un organisme.

Ils avaient initialement utilisé la bactérie E. Coli pour fabriquer ce génome, mais ont découvert que le processus était long et fastidieux et que la bactérie avait du mal à reproduire de larges segments d'ADN.

Ils ont alors eu l'idée de recourir à un type de levure baptisé Saccharomyces cerevisiae. Cela leur a permis de créer le génome synthétique en utilisant une méthode baptisée recombinaison homologue, un processus que les cellules utilisent naturellement pour réparer des dommages sur leurs chromosomes.

Ils ont ensuite étudié la capacité d'assemblage de l'ADN dans la levure, qui s'est avérée être une «usine génétique», a indiqué l'Institut mercredi dans un communiqué.

«L'équipe (de l'Institut Venter) peut désormais assembler le génome complet de la bactérie Mycoplasma genitalium en une seule étape à partir de 25 fragments d'ADN», souligne l'Institut sur son site internet.

Ces découvertes représentent «une amélioration majeure des méthodes que l'équipe a élaborée et décrite en janvier 2008, lors de la présentation du premier génome synthétique», ajoute l'Institut.

«Nous continuons à être épatés par la capacité de la levure à prendre en compte simultanément tant de fragments d'ADN et les assembler en molécules de la taille d'un génome», a déclaré Daniel Gibson, le principal auteur de cette étude qui doit être publiée dans les comptes rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS).

«Cette capacité appelle à être plus amplement explorée et étendue et contribuera à accélerer les progrès dans le domaine des génomes synthétiques», a-t-il ajouté.

Craig Venter et son équipe poursuivent leurs efforts pour créer une cellule vivante de bactérie en utilisant le génome synthétique de la bactérie Mycoplasma genitalium.

Cette bactérie, que l'on trouve dans les voies génitales où elle cause des inflations de l'urètre, possède l'un des plus petits génomes cellulaires connus avec un peu plus de 580 gènes, d'où son intérêt pour ces chercheurs. En comparaison, le génome humain en compte quelque 36 000.

En utilisant la séquence génétique de la bactérie Mycoplasma genitalium, l'équipe de chercheurs américains a créé un chromosome baptisé Mycoplasma laboratorium.

Ils étudient le moyen de transplanter ce chromosome dans une cellule vivante pour qu'il puisse en prendre le contrôle et créer une nouvelle forme de vie.