Albert Einstein croyait-il en Dieu ? Durant toute sa vie, le célèbre physicien s'est fait poser des questions sur ses croyances.

Deux objets liés à M. Einstein vendus aux enchères à New York pourraient contenir des indices sur la vie spirituelle du penseur le plus connu du XXe siècle.

Sotheby's a mis en vente vendredi une Bible dans laquelle le physicien a écrit en 1932 : « Ce livre est une source inépuisable de sagesse et de réconfort. »

De son côté, Christie's vendra à l'encan mardi une lettre dans laquelle Albert Einstein déclare : « À mes yeux, le mot "Dieu" n'est rien de plus que l'expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible, un recueil de légendes honorables, mais primitives. »

La Bible a été offerte en cadeau par M. Einstein et sa femme, Elsa, à Harriet Hamilton, l'une de leurs employées. L'édition anglaise du livre saint, qui comporte une reliure en cuir et une dédicace du père de la théorie de la relativité rédigée en allemand, devrait récolter entre 200 000 et 300 000 $ US, a indiqué Cassandra Hatton, une spécialiste des livres et des manuscrits chez Sotheby's.

Selon Mme Hatton, il est difficile de réconcilier la description de la Bible comme une source de sagesse avec l'opinion plus sévère qu'Einstein exprime au sujet de la religion dans d'autres écrits.

« Il est possible que le présent ait été donné à quelqu'un qui était très religieux », a-t-elle affirmé, avançant qu'Albert Einstein aurait écrit cette phrase « par respect » pour les croyances de Mme Hamilton.

La lettre que Christie's mettra en vente a été écrite un an avant le décès du physicien en 1955 et est adressée à Eric Gutkind, un philosophe ayant publié un livre sur la spiritualité juive et la recherche scientifique.

Dans la missive en allemand, M. Einstein écrit que, s'il était « heureux » d'appartenir au peuple juif, il estimait que le judaïsme était « comme toutes les autres religions, le fruit de superstitions puériles ».

Peter Klarnet, un expert des livres et des manuscrits chez Christie's, a déclaré que la lettre, dont la valeur oscillait entre 1 et 1,5 million US, était connue pour son côté direct.

« Dans ce cas, il est en fait très franc dans ses propos, a précisé M. Klarnet. Le mot "Dieu" est un produit des faiblesses humaines. »

Ce n'est pas la première fois que ces deux objets se retrouvent à l'encan. La Bible avait été vendue 68 500 $ US par Bonham's à New York en 2013 alors que la lettre à M. Gutkind avait trouvé preneur pour 404 000 $ US chez l'encanteur Bloomsbury à Londres en 2008.

Walter Isaacson, l'auteur de la biographie Einstein : His Life and Universe publiée en 2007, a reconnu que le point de vue du grand homme sur la religion était difficile à saisir.

« En général, Einstein évitait de donner des réponses simples et, comme la plupart des êtres humains, ses sentiments concernant la spiritualité ont fluctué avec les années, a expliqué M. Isaacson. Parfois, il s'est exprimé d'une manière plus spirituelle et, parfois, il a davantage agi comme un détracteur de la religion. »

Comme le biographe le raconte dans son livre, le scientifique a été interrogé autant par des religieux que par des écoliers au sujet de ses croyances.

D'après Walter Isaacson, il n'est pas étonnant que la foi ou l'absence de foi d'Albert Einstein ait suscité autant d'intérêt.

« Il y avait cette idée séduisante selon laquelle un génie capable de comprendre les lois de l'univers pourrait nous donner la réponse à des questions éternelles comme celle concernant l'existence de Dieu, a-t-il affirmé. Et plusieurs personnes avaient soif de réconcilier science et religion. Elles espéraient qu'il leur dirait : "Oui, il y a un Dieu. Vous pouvez cesser de vous faire du souci à ce sujet, maintenant. " Mais ses croyances n'étaient pas aussi simples. »