Quand les cassettes VHS et les walkman sont tombés aux oubliettes, une autre invention des années 80, le Post-it, le mini pense-bête adhésif qui a envahi bureaux et portes de frigidaires, fête ses trente ans en pleine forme.

Le Post-it, fruit d'une invention ratée, a été lancé sur le marché en avril 1980 par le groupe 3M et figure chaque année parmi les cinq articles de bureau les plus vendus aux Etats-Unis.

Depuis, le petit carré de papier jaune-canari de 7 cm sur 7 s'est décliné en huit tailles, 25 formes et 62 couleurs, et vendu dans 150 pays, indique 3M qui ne donne pas de chiffres de ventes.

«Le Post-it est le type même de l'invention parfaite. Rien ne parvient à le remplacer, ni un bip sur un téléphone ni un pense-bête électronique. On utilisera encore les Post-it dans 100 ans», assure Robert Thompson, professeur de culture populaire à la Syracuse University de New York.

«Il reflète les tendances des années 80: une vie de plus en plus complexe et la nécessité de contrôler cette complexité. A l'époque de l'apparition des micro-ordinateurs, le Post-it est en fait un objet très high-tech», affirme ce professeur à l'AFP.

Ses inventeurs, Arthur Fry et Spencer Silver, deux ingénieurs de 3M, ont même été intronisés le mois dernier au Palais national des Inventeurs («National Inventors Hall of Fame») aux côtés de Jacques-Yves Cousteau et d'une quinzaine d'autres inventeurs pour leurs innovations «qui ont contribué aux progrès humain, social et économique».

«Tous les jours nous entendons de la part des consommateurs que la vie ne serait tout simplement pas imaginable sans ce produit emblématique», a affirmé William Smith, vice-président chez 3M à l'occasion de l'anniversaire du pense-bête auto-collant.

Un concours de travaux manuels pour collégiens est organisé par le groupe qui invite les enfants «à créer la plus inspirée des créations à partir de Post-it».

«Le but du Post-it a toujours été de faciliter la communication et l'organisation», a ajouté M. Smith dont le gadget a su répondre aux besoins d'une société obsédée par l'efficacité, l'organisation et les listes de choses à faire.

«Le Post-it a rendu la vie plus facile aux gens à une époque de profusion d'informations», a déclaré à l'occasion de sa reconnaissance en tant qu'inventeur, Arthur Fry, 78 ans, qui reconnaît qu'on lui demande «six ou sept autographes par semaine», depuis le succès de son invention.

Comme souvent dans le cas des innovations marquantes, le petit bloc-note adhésif et surtout «repositionnable» est né d'une expérience ratée de Spencer Silver. En 1968, en faisant des recherches sur les adhésifs, cet ingénieur produit une colle qui adhère mal. Quelques années plus tard, son collègue Arthur Fry invente le concept marketing du Post-it, frustré de ne pas avoir de marque-page pour son missel du dimanche.

L'adhésif raté de Silver, qui détient désormais 22 brevets, s'avérera crucial pour coller et décoller à loisir le précieux pense-bête sur n'importe quelle surface.

«Déterminé à rester proche des préoccupations du jour des consommateurs, notamment la durabilité, la marque continue à innover», a affirmé le vice-président. Cette année, le dernier-né de la ligne des Post-it sera «vert», fait de papier recyclé à 100% enduit d'un adhésif créé à partir d'une plante.