Les montagnes sont d'autant plus hautes qu'elles se trouvent à des latitudes où le climat est chaud et la limite des neiges éternelles élevée, selon une étude publiée mercredi dans la revue Nature.

«Les différences de hauteur des chaînes de montagne reflètent davantage des différences climatiques locales que les forces tectoniques», selon les scientifiques qui ont constaté que «la plupart des sommets ne dépassent pas de plus de 1500 mètres la limite locale des neiges éternelles».«L'explication de cette règle est que les glaciers détruisent très efficacement les montagnes», a déclaré à l'AFP David Egholm, l'un des auteurs de l'étude.

«Même lorsque vous prenez les chaînes de montagne les plus actives (du point de vue tectonique), vous constatez que «dès que la tectonique des plaques a poussé les montagnes au-delà de la limite des neiges éternelles, elles cessent de s'élever», ajoute ce chercheur de l'université d'Aarhus, au Danemark.

C'est notamment la raison pour laquelle en Norvège, le sommet des montagnes donne l'impression d'avoir été coupé à la scie au niveau de la limite des neiges éternelles, précise M. Egholm qui a mis une animation sur YouTube  intitulée The glacier buzzsaw pour visualiser le phénomène.

Des études antérieures avaient déjà mis en évidence le pouvoir érosif joué par les glaciers au niveau local, mais les chercheurs danois sont parvenus, grâce à une base de données planétaire et à un modèle informatique, à démontrer l'importance du phénomène au niveau planétaire.

Si l'Himalaya est plus élevé que les Alpes, ce n'est pas tant à cause de sa plus grande jeunesse, mais parce que l'altitude de la limite des neiges éternelles y est beaucoup plus élevée, affirment-ils.

Cette règle souffre toutefois deux exceptions: le continent antarctique et les volcans.

«Les montagnes trans-antarctiques sont plus hautes qu'elles ne devraient l'être en fonction de notre règle: mais c'est probablement parce que les glaciers sont gelés jusqu'à leur base et n'ont pas de pouvoir érosif», selon M. Egholm.

«Lorsqu'il fait très froid, les glaciers ne se déplacent pas et n'interagissent pas avec la montagne au-dessous d'eux», explique le chercheur.

Enfin, dans le cas des volcans, le processus de formation géologique par accumulation de lave est tout simplement trop rapide pour permettre aux glaciers de se former sur leurs cimes.