Des oeufs viables ont été obtenus à partir de thons rouges captifs, ce qui constitue une première étape vers la domestication de cette espèce dont la survie est menacée par la surpêche, a rapporté l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.

Très délicate, cette première ponte de thons en captivité a réussi grâce à l'utilisation d'un implant libérateur d'hormone reproductrice, mais aussi d'une grande attention accordée à l'alimentation des reproducteurs et à la surveillance de la température de l'eau.

«Produire des alevins ou des juvéniles est difficile. C'est un poisson très sensible», a déclaré mercredi à l'AFP Fernando de la Gandara, coordinateur du projet européen Selfdott au Centre océanographique du Murcia (Espagne).

Une quarantaine d'alevins issus de la ponte de 140 millions d'oeufs le 17 juillet sont encore en vie dans deux écloseries situées en Espagne et en Grèce, a indiqué M. de la Gandara.

Le but de Selfdott, un projet d'une durée de trois ans qui a démarré en 2008, n'est pas encore l'élevage de juvéniles mais «d'augmenter les connaissances sur l'élevage larvaire de ce poisson», a précisé le scientifique.

«Pour maintenir la pêche de façon durable, il faut le reproduire en captivité, en cycle fermé, comme on le fait avec la daurade ou le loup» dans des cages en mer, a encore expliqué M. de la Gandara.

Actuellement, les thons rouges, dont la quasi-totalité de la production est écoulée au Japon, sont péchés vivants au mois de juin, puis placés dans des cages en mer où ils sont nourris avec des poissons très gras comme le maquereau ou la sardine, avant d'être abattus au mois de janvier.

Le projet Selfdott comprend également un volet sur l'alimentation des thons, pour remplacer les poissons qui leur servent de proies par une nourriture d'origine végétale, afin que leur élevage n'entraine pas une surpêche d'autres espèces.

Le thon rouge est une des espèces les plus convoitées au monde. Le volume des captures en Méditerrannée et dans l'Atlantique Est se situe depuis dix ans autour de 50 000 à 60 000 tonnes par an, soit trois fois le potentiel de production du stock de poissons existants, selon la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique.