Il y a un risque réel de séisme majeur dans la zone de Mentawai, au large de Sumatra, régulièrement frappée par des tremblements de terre, car la tension de la faille responsable reste forte, estiment des experts dans une nouvelle étude à paraître jeudi dans la revue Nature.

Sumatra, île s'étendant sur 1700 kilomètres, subit chaque année de nombreux séismes dépassant des magnitudes de 7, et a été notamment ravagée en 2004 par un tsunami provoqué par une secousse, qui avait fait plus de 200 000 morts.

Selon les auteurs de l'étude, une équipe internationale, chacun de ces séismes a libéré la tension accumulée sur un «segment» de la subduction océanique, ligne de friction sous-marine, qui longe Sumatra.

Mais selon eux, à chaque fois qu'un segment «craque», la tension s'accroît sur les autres, et beaucoup d'énergie reste ainsi accumulée près des îles Mentawai, en face de la grande ville côtière de Padang comptant 800.000 à 900.000 habitants.

Dans cette zone, des séismes majeurs ont été répertoriés en 1797 (magnitude de 8,8) et en 1833 (9), rappellent les chercheurs. Le 12 septembre 2007, deux tremblements de terre y ont été enregistrés, avec des magnitudes de 8,4 et 7,9. Mais l'énergie «libérée en 2007 représente seulement une portion de celle relâchée en 1833» et de l'accumulation des tensions depuis cette année-là sur cette ligne de friction, soulignent-ils.

L'équipe, dans laquelle figure Mohamed Chlieh, de l'université de Nice Sophia-Antipolis, a découvert à partir de mesures radar, par GPS, et sur le terrain, que les séismes de 2007 étaient en fait limités à une petite portion seulement du «segment» de la subduction océanique responsable de celui de 1833.

Donc «la possibilité d'une poussée très forte dans la zone de Mentawai reste importante», concluent les experts qui ont travaillé sous la conduite de Jean-Philippe Avouac, du Caltech (California Institute of Technology) de Pasadena.