Les bulles d'air qui s'échappent, ou non, des failles sous-marines, pourraient peut-être permettre à terme d'alerter sur l'imminence d'un tremblement de terre, espèrent des scientifiques dans une étude publiée dans la revue Earth and Planetary Science Letters.

Les bulles diffusent fortement l'énergie acoustique et sont donc facilement détectables par des sonars. Des chercheurs de l'Ifremer et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont utilisé cette technologie pour étudier le segment immergé de la faille Nord-Anatolienne, en Mer de Marmara.

En examinant la faille au sud d'Istanbul en juin 2007, à partir du navire Atalante, les chercheurs ont constaté des émissions de bulles de gaz le long des zones actives. Les gaz «s'échappaient par une multitude de petits conduits perçant à travers des sédiments de couleur noire, témoignant de la présence de méthane».

Un seul segment de la faille, situé au sud d'Istanbul, à moins de 20 km du rivage, ne dégageait pas de gaz. Or «il s'agit du segment le plus dangereux, le seul qui n'ait pas cassé depuis au moins 1766», soulignent les chercheurs dans un communiqué.

Selon eux, «on peut penser qu'il n'y a pas de bulles car en l'absence de secousses, les fissures des roches ont été bouchées par les sédiments, empêchant ainsi les gaz de remonter à la surface».

Mais «lors du prochain séisme, les gaz piégés seront expulsés (et) toute la question est de savoir s'il y aura une amorce de dégazage juste avant la rupture», ajoutent-ils. Si c'est le cas, et que l'on peut saisir la remontée des bulles, cela permettrait de prévenir les populations, soulignent-ils.

L'agglomération d'Istanbul menacée par cette faille est peuplée de plus de 12 millions d'habitants.

«Ces résultats sont extrêmement encourageants», concluent les scientifiques qui tentent de «déterminer s'il existe des signaux précurseurs détectables» des contraintes qui s'accumulent le long d'un plan de faille, jusqu'à dépasser le point de rupture et provoquer un séisme.