Le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) a annoncé samedi que son accélérateur de particules, le plus puissant jamais construit, avait subi des dégâts plus importants que prévus et serait hors service pendant au moins deux mois.

Le grand collisionneur de hadrons (LHC), un anneau de 27km de circonférence à 100m sous terre à la frontière franco-suisse, avait été mis en route le 10 septembre. Mais le LHC avait dû être arrêté 36 heures après, en raison d'une panne électrique. Après examen, il apparaît que le problème n'est pas dû à la défaillance d'un transformateur comme on le pensait. Les dégâts sont en fait plus importants, a expliqué le porte-parole du CERN, James Gillies. Le LHC est conçu pour propulser les protons à une vitesse proche de celle de la lumière, grâce notamment à des aimants supraconducteurs, maintenus à très basse température (-273 degrés) par de l'hélium liquide. «Il semble qu'une connexion électrique défectueuse entre deux aimants ait interrompu la superconduction», a précisé M. Gillies.

Conséquence, les contacts ont fondu, entraînant une défaillance mécanique et une fuite d'hélium. «Nous devons maintenant réchauffer progressivement tout le secteur (endommagé) avant de pouvoir y accéder et réparer», ce qui va prendre du temps, a-t-il ajouté. «Plusieurs semaines, au minimum» seront nécessaires pour réchauffer la zone concernée. «Ensuite on pourra réparer, puis on refroidira la zone de nouveau», ce qui va entraîner une suspension d'activité pendant au moins deux mois.

Le LHC est destiné à percer les mystères de la physique et aider les scientifiques à mieux comprendre l'univers. A terme, les chercheurs espèrent faire d'importantes découvertes grâce à cette machine de 2,6 milliards d'euros, notamment détecter des traces de l'invisible «matière noire», censée composer plus de 96% de l'univers, et percer le mystère du «boson de Higgs», particule jusqu'ici théorique qui donnerait sa masse à la matière.

Le projet est orchestré par les 20 Etats européens du CERN, mais au total des chercheurs de 80 pays y participent. Des accélérateurs plus petits sont utilisés depuis des décennies pour étudier la composition de l'atome.

Il y a moins d'un siècle, les physiciens pensaient que les protons et les neutrons étaient les plus petits éléments du noyau atomique, mais des expériences ont depuis montré qu'il y avait des éléments encore plus petits, les quarks et les gluons, ainsi que d'autres forces et d'autres particules.