Quand un patient atteint de choc septique arrive à l'hôpital, il prend la direction des soins intensifs, où les médecins devront lutter pendant une à plusieurs semaines pour le sauver. Plusieurs organes flanchent généralement. Des chercheurs d'Ottawa ont trouvé une nouvelle arme contre ces infections graves : les cellules souches.

« Les résultats préliminaires sont très encourageants », explique Lauralyn McIntyre, intensiviste à l'Hôpital d'Ottawa, dont le projet a été dévoilé hier dans un communiqué. « Si tout se passe bien, nous pourrions passer en essais cliniques de phase deux au début de 2017 et on pourrait utiliser les cellules souches couramment pour réduire la mortalité des chocs septiques. »

« Les cellules souches ont sauvé mon Charlie », explique Maureen Berniqué, dont le conjoint Charles a été traité à l'été 2015 après qu'une intoxication alimentaire eut provoqué la rupture de son oesophage et un choc septique. M. Berniqué, qui a 73 ans, cinq enfants et cinq petits-enfants, a même pu reprendre son travail à temps partiel de programmeur informatique dans une grosse ferme avicole, ainsi que ses soirées de danse avec sa conjointe.

Les cellules souches ont la capacité de se transformer en n'importe quelle cellule du corps humain et suscitent beaucoup moins de rejets immunitaires que les autres cellules. « Elles n'ont pas de récepteurs permettant au système immunitaire de les identifier comme étrangères », dit la Dre McIntyre. D'autres essais cliniques de cellules souches utilisent celles du patient, tirées de sa moelle osseuse. Mais dans le cas d'un choc septique, le patient est trop malade pour le prélèvement et le temps manque pour cultiver les cellules souches pour qu'elles se multiplient. Il s'agit donc de cellules souches de donneurs altruistes.

Plusieurs traitements, en cardiologie et en immunologie, utilisent les cellules souches, mais aucune équipe dans le monde ne s'en sert pour les chocs septiques, selon la Dre McIntyre. Elle a lancé le projet après qu'un collègue spécialiste des cellules souches lui a parlé de leurs effets sur le système immunitaire. Des tests sur des souris ont montré le potentiel pour traiter le choc septique, en complément aux antibiotiques couramment utilisés.

M. Berniqué, l'un des premiers patients enrôlés dans la phase 1 de l'essai clinique, a eu une intoxication alimentaire au restaurant, après avoir fêté son anniversaire et celui de son épouse. Il a pu conduire jusque chez lui à Hawkesbury, mais la rupture de son oesophage a provoqué l'infection des tissus environnants avec les bactéries de son système digestif. Il a dû être transporté en hélicoptère à Ottawa, où son épouse a consulté plusieurs spécialistes pendant quelques jours avant d'accepter de participer à l'essai clinique de cellules souches. Sa convalescence a été longue - il n'a pas pu manger pendant quatre mois.

« J'ai passé trois mois à l'hôpital, et il m'a fallu en tout six mois pour pouvoir marcher et reprendre mes activités comme avant, dit le septuagénaire franco-ontarien. Mais maintenant, je peux même faire du bicycle. »

PHOTO FOURNIE PAR L'INSTITUT DE RECHERCHE DE L'HÔPITAL D'OTTAWA

Maureen Berniqué en compagnie de son conjoint Charles.