Monter des marches ralentit le vieillissement du cerveau, selon une nouvelle étude montréalaise. Les gens qui gravissent chaque jour une vingtaine de marches ont un cerveau sept fois plus jeune que ceux qui prennent toujours l'ascenseur

« Il y a eu plusieurs études sur l'effet d'une vie active sur les fonctions cognitives », explique Jason Steffener, un ingénieur biomédical de l'Université Concordia qui est l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Neurobiology of Aging. « Nous avons décidé d'appliquer les nouvelles mesures de l'âge physiologique du cerveau à cette question et nous avons découvert à notre grande surprise qu'aucune autre activité physique n'a d'impact sur l'âge du cerveau. »

L'âge physiologique du cerveau diffère de l'âge d'une personne. Une personne de 50 ans, par exemple, peut avoir un cerveau de 55 ans, s'il est plus endommagé que la normale. Les chercheurs ont fait 84 mesures différentes du cerveau de chacun des 331 participants de l'étude, qui ont été recrutés à New York, ville où travaille l'un des coauteurs de l'étude.

Une année d'éducation supplémentaire diminue d'un an l'âge du cerveau. Une volée d'escalier, de 0,58 an, soit sept mois. « Nous présumons que, pour les participants, une volée d'escalier correspond à peu près à 15-20 marches, dit M. Steffener. Mais il est possible qu'il y ait une incertitude, par exemple avec les escaliers sur plusieurs étages. S'il y a deux volées pour passer d'un étage à l'autre, et qu'une personne monte deux étages chaque jour, il se peut qu'elle ne compte pas quatre volées au total. »

Pour s'attaquer à cette incertitude, le chercheur du Centre de recherche de l'Institut de gériatrie de Montréal veut maintenant tester de nouveaux pédomètres qui ont été mis au point par les sociétés FitBit et Garmin et qui, selon ces dernières, mesurent le nombre de marches gravies.

DES CAUSES INCERTAINES

Pourquoi les marches ont-elles des effets plus puissants que d'autres types d'exercice physique exigeants, comme la nage, la course ou le tennis ? « C'est assez mystérieux, dit M. Steffener. Ce qu'on peut observer, c'est qu'il n'y a pas de différence notable entre les vieux et les jeunes pour ce qui est de grimper des escaliers. Environ 93 % des gens le font, qu'ils aient plus ou moins de 52 ans. Pour le jogging, par exemple, le taux passe de 39 % à 15 % après 52 ans. C'est aussi une activité beaucoup plus fréquente que, par exemple, la natation que pratiquent moins de 10 % des gens, et même le vélo, une activité que fait moins d'une personne sur quatre. Il se peut qu'il y ait une différence entre l'aspect motivationnel de pratiquer un sport et la nécessité d'emprunter un escalier. »

Les escaliers pourraient aussi augmenter l'écart entre les riches et les pauvres en ce qui concerne le vieillissement du cerveau : en 2011, une étude américaine a observé que les riches sont plus susceptibles de choisir l'escalier plutôt que l'ascenseur.