Au moins trois squelettes de dinosaures encore dans l'oeuf ou peu après l'éclosion au moment de leur mort ont été mis au jour dans la région appelée «la tombe du dragon» du désert de Gobi en Mongolie, ont annoncé mercredi des scientifiques belges.

Découverts dans cette région célèbre pour sa richesse en fossiles de dinosaures datant de la fin du Crétacé (entre 70,6 et 65,5 millions d'années), les scientifiques décrivent trois ou quatre spécimens périnataux de dinosaures Saurolophus angustirostris, ainsi que deux fragments de coquille d'oeuf.

Les Saurolophus angustirostris, ou «lézard à crête», étaient des dinosaures herbivores de grande taille, allant jusqu'à douze mètres de long et pesant plus de deux tonnes. Un grand nombre de leurs squelettes, bien préservés, ont été découverts.

Les bébés dinosaures se trouvaient probablement dans leur nid, installé sur un banc de sable d'une rivière, lorsqu'ils sont morts, estiment des paléontologues de l'université de Gand et de l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Leurs travaux sont publiés dans la revue scientifique américaine PLOS ONE.

La longueur du crâne des bébés Saurolophus est d'environ 5% celle des spécimens adultes les plus grands connus, ce qui indique qu'ils devaient être dans les premiers stades de leur développement.

Leurs os montraient déjà des caractéristiques du Saurolophus angustirostris, dont un museau orienté vers le haut. Mais ces très jeunes spécimens n'avaient pas encore développé la crête caractéristique de leur espèce, et les différentes parties du crâne n'avaient pas encore fusionné.

«La quasi absence de développement de la crête chez ces bébés saurolophini fournit des indices génétiques sur la croissance de la crête chez ces dinosaures», relève Leonard Dewaele, un des co-auteurs de cette étude.

«Les Saurolophilis sont les seuls dinosaures de la famille des sauropodes à avoir une crête sur le crâne quand ils sont adultes», précise-t-il.

Les chercheurs n'ont pas pu déterminer si ces trois ou peut-être quatre spécimens étaient encore dans l'oeuf ou s'ils venaient tout juste d'en sortir quand ils sont morts. Mais ils étaient déjà en partie décomposés quand ils ont été enterrés dans les sédiments de la rivière durant la saison d'été qui était humide.

Les fragments fossilisés de coquilles d'oeuf retrouvés avec eux ressemblent étroitement à ceux déjà trouvés de la même famille des Saurolophus angustirostris en Mongolie.

Selon ces scientifiques, cela laisse penser que ces «bébés» saurolophini pourraient aider à combler le trou dans les connaissances sur le développement des Saurolophus angustirostris.

Une espèce à poils et à épines découverte

Par ailleurs, des chercheurs ont découvert une nouvelle espèce de mammifère qui vivait il y a 125 millions d'années, au temps des dinosaures: doté de poils mais aussi d'épines, il avait la taille d'un rat et des pattes fouisseuses comme celles des tatous.

Le fossile étudié était aussi affligé de la teigne, une mycose qui affecte le pelage et existe aujourd'hui encore, ont constaté les scientifiques.

Baptisé Spinolestes xenarthrosus, ce fossile, parfaitement conservé, a été trouvé en 2011 à Las Hoyas, un gisement du Crétacé inférieur (-127 millions d'années) situé en Espagne près de la ville de Cuenca.

Cette «boule de poils» vient d'être décrite par une équipe internationale de paléontologues, dans une étude parue mercredi dans la revue britannique Nature.

Ils ont conclu qu'il s'agissait d'une nouvelle espèce appartenant à l'ordre des eutriconodontes, une lignée de mammifères disparus à la fin de l'ère Mésozoïque (-252,2 à - 66,0 millions d'années). Il était de la famille des gobiconodontes.

Spinolestes xenarthrosus, qui se nourrissait d'insectes et de larves, mesurait environ 25 cm de long. Il avait des dents acérées, une colonne vertébrale, des pattes aptes à fouiller la terre comme celles des tatous, une crinière le long du dos et des petites épines similaires à celles du hérisson.

Si cet animal possédait les caractéristiques classiques de sa famille, comme sa fourrure, la présence d'épines bien particulières «le rend unique en son genre», souligne le CNRS (Centre national de la Recherche Scientifique) français, dont un chercheur à l'Université de Rennes, Romain Vullo, a participé à l'étude. «Son évolution s'est faite indépendamment d'espèces à épines comme les hérissons».

Le fossile possède encore des bronchioles pulmonaires et des restes du foie. «Il s'agit des plus anciens organes internes de mammifères jamais trouvés», souligne Thomas Martin, chercheur à l'Université de Bonn, l'un des auteurs de l'étude.

Les chercheurs ont délimité l'emplacement du diaphragme de l'animal, «une première preuve fossile que le système respiratoire unique des mammifères était bien fonctionnel dès le Mésozoïque», relève le CNRS.

Grâce à ce fossile, «nous avons des preuves concluantes que plusieurs caractéristiques fondamentales des mammifères étaient déjà bien établies il y a 125 millions d'années, au temps des dinosaures», indique Zhe-Xi Luo, chercheur à l'Université de Chicago, un des auteurs de l'étude.

Las Hoyas, unique en Europe, est un dépôt sédimentaire qui contient une grande diversité de fossiles, emprisonnés dans un ancien environnement marécageux.

Photo AFP

Spinolestes xenarthrosus