La découverte d'un gène clé pour la production de la morphine, principal alcaloïde issu du pavot, ouvre la voie à une fabrication plus efficace et moins coûteuse de puissants analgésiques, selon une recherche publiée jeudi dans la revue américaine Science.

Les chercheurs de l'Université de York au Royaume-Uni et des laboratoires britanniques GlaxoSmithKline (GSK) en Australie, espèrent pouvoir ainsi cultiver des variétés de pavot pouvant produire non seulement davantage de morphine mais également l'anti-cancéreux noscapine, un autre dérivé de cette plante.

Ce gène appelé Storr, que les scientifiques cherchaient depuis longtemps, est jugé essentiel pour synthétiser les alcaloïdes comme la morphine et la codéine, les anti-douleurs les plus puissants existants.

«La découverte du gène Storr nous fournit un nouvel outil pour sélectionner plus rapidement et facilement des variétés de pavot pour la production commerciale», explique Tim Bowser, responsable de la recherche et du développement de GSK en Australie.

Pour le professeur Ian Graham, biologiste de l'Université de York, qui a dirigé ces travaux, «le gène Storr nous donne un nouvel éclairage sur la manière dont le pavot a évolué pour produire les plus puissants analgésiques connus de l'homme».

Cette avancée complète la série de gènes nécessaires pour pouvoir produire de la morphine à partir de micro-organismes comme la levure.

Toutefois les auteurs disent encore ignorer si une telle approche serait aussi efficace que la production à partir de pavot. Les plantes, soulignent-ils, demeurent un système prouvé de production efficace en terme de poids à l'hectare d'ingrédients pharmaceutiques actifs, et ce à un coût relativement bas.

Outre la morphine et la codéine, le pavot somnifère produit aussi naturellement l'alcaloïde thébaine.

La morphine et la codéine peuvent être utilisés directement comme anti-douleurs. La thébaine sert surtout à synthétiser un certain nombre d'opiacés semi-synthétiques ainsi que le naloxone, un antidote aux effets des surdoses de morphine.