Notre cousin Néandertal capturait vraisemblablement des pigeons pour les manger, selon des chercheurs qui ont découvert des traces d'outils, de dents et de cuisson sur des os de pigeons dans une caverne de Gibraltar.

Ces paléontologues ont passé au crible la Grotte de Gorham, située dans une falaise escarpée faisant face à la Méditerranée, où se sont abrités de nombreux groupes de Néandertaliens, puis des humains modernes, voici 67 000 à 28 000 ans.

Au total, ils ont recensé pour cette période plus de 17 000 os de pigeon de roche, l'ancêtre sauvage de notre pigeon biset domestique (Columba livia), répartis sur vingt sites d'occupation (19 néandertaliens, 1 humain moderne) dans la grotte.

«Nous avons trouvé des preuves d'intervention humaine sur ces ossements de pigeon dans onze sites néandertaliens» de même que pour celui occupé par les humains modernes (Homo sapiens).

La proportion d'os portant des entailles pratiquées à l'aide d'outils est relativement faible, mais les chercheurs relèvent que «la taille de ces proies ne rend pas nécessaire l'utilisation de tels outils pour les consommer». «Après avoir écorché ou plumé l'oiseau, l'usage des mains et des dents serait le meilleur moyen de détacher la viande et le gras des os. Pour preuve, des traces de dents ont été observées sur certains os de pigeon» (une quinzaine), écrivent-ils dans leur étude, publiée par la revue Nature Scientific Reports.

Dans plus de 10% des cas, les os présentent également des signes de brûlure et/ou de cuisson.

«Nos résultats démontrent sans aucun doute que les Néandertals, et plus tard les humains modernes, consommaient des pigeons de roche», un phénomène qui n'est pas un cas isolé et qui s'est prolongé sur une période très longue, affirment les auteurs.

Les Néandertals qui s'abritaient dans la grotte auraient ainsi pu aisément profiter de la présence de pigeons nichant dans la falaise ou au creux des rochers pour les capturer à la main, estiment-ils.

Le pigeon sauvage aurait donc constitué «une source stable de nourriture dans l'environnement rocailleux de Gibraltar, mais aussi probablement dans de nombreuses autres régions peuplées par l'Homme de Néandertal».